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incommodes. Les nobles se plaignirent, et, pour satisfaire à leurs exigences, il fut décidé que la diète serait convoquée tous les trois ans. Le chancelier, un mois au moins avant l’ouverture de la diète, adresse des lettres de convocation aux membres de la première table, aux comitats, aux communes et aux corporations religieuses ; il expose sommairement les lois qui seront mises en discussion, afin que les électeurs puissent manifester leurs vœux à leurs commettans ; il donne enfin les ordres nécessaires, en 1839 comme en 1526, pour que les ponts et chaussées soient mis en état sur le passage de sa majesté.

La constitution hongroise mériterait, sans doute, un examen plus approfondi, mais mon but a seulement été de donner une idée de son ensemble. Une simple esquisse a suffi, j’ose l’espérer, pour bien faire ressortir tout ce qu’il y a de remarquable dans ce monument, un des plus curieux de l’histoire du moyen-âge. Voyons maintenant de quelle manière cette machine vieillie fonctionne encore au milieu d’une société moderne. Elle est embarrassée de quelques rouages inutiles, il lui en manque de nécessaires ; mais elle marchera toujours, parce qu’elle possède, pour principal moteur, le système représentatif établi sur de larges bases.

Tous les esprits élevés, tous les hommes qui jettent sur l’avenir un coup d’œil impartial, comprennent la nécessité d’une réforme ; mais ce travail, toujours dangereux, se complique ici d’une difficulté particulière. L’empereur d’Autriche a beau joindre à ses titres celui de roi de Hongrie ; fidèle à son origine, il désirerait faire triompher l’influence germanique chez les peuples de mœurs si diverses que les traités ont soumis à son sceptre. Le peuple hongrois, au contraire, fier de son antique indépendance et jaloux de sa nationalité, se révolte à l’idée de voir sa patrie réduite au rôle d’un cercle autrichien. En Angleterre, en France, comme dans tous les pays vraiment constitutionnels, le parlement, et je prendrai ici ce mot dans un sens général, possède des moyens légaux de forcer le premier pouvoir à marcher dans la route que la nation veut suivre. Le refus du budget est l’exercice d’un droit terrible devant lequel s’écroulerait le ministère le plus entêté. Mais que la diète hongroise rejette l’impôt foncier qui s’élève à la somme de 45 millions, l’action gouvernementale en sera-t-elle paralysée ? Pas le moins du monde. Si le roi n’a plus d’argent, l’empereur d’Autriche lui en prêtera ; si les Madjyars ne veulent plus s’enrôler sous les drapeaux, le roi de Lombardie placera ses troupes à Comorn et à Péterwaradin, et la Hongrie n’aura plus alors que la ressource hasardeuse de la révolte.