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REVUE. — CHRONIQUE.

— « La nation belge, dit une feuille coalitionniste, ne doit compter que sur elle seule. La France l’abandonne et son gouvernement la trahit ; qu’importe ? il lui restera toujours la ressource d’agir sans son gouvernement, et d’en appeler aux patriotes français de la défection du 7 août. »

(Émancipation du 2 février.)

— « Si nous avons eu jamais besoin de concentrer nos forces, c’est maintenant. Nous avons perdu une à une les quelques libertés que des héros conquirent avec des pavés dans les rues de Paris. Attachés à une colonne, comme les esclaves romains que l’on battait de verges, bâillonnés par les lois de septembre, à peine nous est-il permis de faire entendre des cris de détresse dans le danger. »

(Sentinelle des Pyrénées.)

— « Qu’arrivera-t-il ? Ce qui est toujours arrivé. Vouloir, chez un peuple, c’est pouvoir. Le trône, « ces quatre morceaux de bois doré recouverts de velours, » comme disait Napoléon, a été trois fois brisé en France, en moins d’un demi-siècle, par la souveraineté nationale qui, en définitive, a toujours raison. »

(Progrès du Pas-de-Calais.)

— Le Journal de Rouen n’est pas moins explicite. Lui aussi déclare que les révolutionnaires de tous les pays comptent sur nous pour bouleverser l’Europe, et tout ce qui l’afflige, c’est que le moment ne soit pas encore venu. La victoire de la coalition pourrait seule, selon lui, amener cette crise si désirée. « L’annonce de la réunion d’une armée sur notre frontière du nord a pu faire croire que le gouvernement français, secouant une indigne torpeur, s’associait à ces sentimens et allait enfin parler haut aux puissances absolutistes et mettre un terme au honteux trafic de la nationalité et de la liberté des peuples, dont les rois et leurs ministres, depuis le congrès de Vienne jusqu’à la conférence de Londres, se sont donné le scandaleux passe-temps. Malheureusement, et notre conviction à cet égard est intime et profonde, tous les faits accomplis depuis quelques jours prouvent que l’heure du réveil n’a point encore sonné pour la France, et que ce n’est point pour cette fois que le gouvernement lui donnera le signal d’une résistance pour laquelle les peuples comptent sur elle. »

— Le journal du Bourbonnais, feuille légitimiste, définit ainsi la coalition : « Cette coalition, il faut en définir le caractère ; c’est une trêve qui réunit d’anciens adversaires, contre un ennemi commun, pour la défense commune. » — On ne pouvait pas mieux expliquer à tous les ennemis de l’état, qu’on ne leur demande de se réunir et de suspendre leurs anciennes querelles, que pour arriver plus tôt au renversement de l’ennemi commun, c’est-à-dire au bouleversement du pays et à la destruction de la royauté de juillet.

— Voici qui est encore plus net :

« Les temps de la politique du 13 mars sont passés sans retour. La dissolution de la chambre, le triomphe moral de l’opposition, le progrès qui se manifeste dans les esprits même les plus rétifs, sont les preuves irrécusables de cette pacifique révolution qui vient de s’opérer en France au profit de sa souveraineté. Dès ce moment nous commençons à marcher vers la réalité du