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de Bohême, sur l’évêché d’Olmutz. Il profitait des félicitations que lui adressait sur son avénement l’empereur de Constantinople, Michel VIII, pour lui témoigner le désir de voir se rétablir l’union entre l’église grecque et l’église romaine. Dans l’intérieur de l’Italie, Landolphe VI, prince de Bénévent, se reconnut vassal du pape ; Richard Ier, beau-frère de Robert Guiscard et duc de Capoue, prêta serment de fidélité à Rome. Philippe Ier, roi de France, reçut les reproches de Grégoire VII, pour n’avoir pas voulu donner gratuitement l’investiture du siége épiscopal de Mâcon à Landri, archidiacre d’Autun. Mais c’était surtout par l’Allemagne que le pape devait saisir la direction politique de l’Europe. Rodolphe de Souabe le conjurait de se constituer médiateur ; une première lettre de Grégoire, adressée à plusieurs évêques et seigneurs de la Saxe, ne put ni calmer le ressentiment des partis, ni arrêter les desseins du roi, qui voulait tenter le sort des armes. Mais la supériorité des Saxons jeta le découragement dans l’armée royale, et Henri, après être resté quelque temps en présence des révoltés, fut contraint de souscrire à une paix humiliante. Déjà les forts de Vokenrode et de Spatenberg avaient été abattus, quand il apprit que non-seulement les remparts de Harzbourg, mais le château et l’église même avaient été rasés par les paysans avec une fureur qui avait épouvanté jusqu’aux seigneurs saxons. À cette nouvelle son indignation fut si vive, qu’il envoya sur-le-champ des ambassadeurs à Rome pour accuser le peuple d’avoir porté une main sacrilége sur les choses saintes et brûlé la maison de Dieu. Grande fut la surprise de Grégoire de s’entendre invoquer comme juge par le roi même des Allemands ! et dans le même temps il n’épargnait rien pour accroître son autorité : sur la prière de l’empereur Michel VIII, que menaçaient les Turcs seljoucides, déjà maîtres de Nicée, Grégoire adressait une lettre à tous les chrétiens pour les exciter à secourir Constantinople. L’épître du pape ne mit pas d’armée en campagne ; mais elle témoignait de sa prééminence sur les peuples et les églises de la chrétienté.

Enfin, un an après son élévation au pontificat, Grégoire VII jugea le moment venu de découvrir l’étendue de ses desseins. Son audace s’était accrue de toute sa patience. Il ouvrit à Rome un concile général auquel il invita, par lettre, tous les évêques de la Lombardie. Dans ce synode furent rédigés quatre canons contre la simonie et l’incontinence des clercs. On arrêtait dans ces décrets, 1o  qu’aucun clerc ne devait obtenir une dignité ou un emploi ecclésiastique par voie de simonie, c’est-à-dire par le moyen de l’argent ; 2o  que per-