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GLASGOW.

plaisant de la chose, c’est que les historiens de Glasgow, n’ayant pas voulu comprendre le vrai sens des paroles du prévôt, l’ont accusé de fanatisme, et lui ont reproché de sympathiser avec les démolisseurs. Quoi qu’il en soit, la cathédrale fut préservée, et plus tard, les bourgeois de Glasgow, au lieu de bâtir une nouvelle église, trouvèrent plus économique de diviser l’ancienne en trois parties, qui furent consacrées chacune à des communions différentes.

Quand de la cathédrale on descend au Town-Hall par High-Street, on passe devant le collége, lourd et sombre édifice gothique qui ne ressemble pas mal à une prison. Fondée en 1450 par l’évêque Turnbull, l’université de Glasgow est la plus vieille des universités écossaises après celle de Saint-Andrews. De vastes bâtimens contigus à de grands jardins appartiennent au collége et renferment les salles, les amphithéâtres, les bibliothèques, l’observatoire et de précieuses collections. Les salles et les amphithéâtres sont spacieux et convenablement disposés pour l’étude. La bibliothèque contient environ soixante mille volumes et un grand nombre de manuscrits curieux, entre autres une traduction en vers de la Bible par le révérend Zacharie Boyd, écrite sur vélin vers 1400, et ornée de miniatures bizarres. L’observatoire est placé sur une éminence dans les jardins du collége. Le plus curieux des instrumens qu’on y trouve est un télescope à réflecteur, construit par Herschell, de dix pieds de longueur sur dix pouces de diamètre. Les collections sont renfermées dans la partie du collége qu’on appelle the Hunterian Museum. On y voit un effrayant assemblage de préparations anatomiques, et de pièces injectées à l’esprit de vin et au mercure. Glasgow, par son commerce, étant en relation avec toutes les parties du globe, les collections d’histoire naturelle y sont des plus complètes et des plus curieuses. La collection de coquillages et d’insectes m’a surtout paru merveilleuse. Mais, chose singulière, on n’y voit qu’un petit nombre d’insectes indigènes. La collection des roches, des fossiles, des minéraux et des métaux du pays est plus complète ; on trouve aussi au Muséum Hunterian la plus précieuse collection de médailles qui existe dans le Royaume-Uni. À Glasgow, où tout est évalué en écus, le savant qui m’avait conduit au Hunterian Museum, moyennant un shilling payé à la porte, m’assurait que ces collections avaient une valeur de 120,000 livres ou trois millions de France ; au total, c’est un des cabinets les plus renommés de la Grande-Bretagne ; c’est aussi la première merveille de Glasgow (the principal lion).

Au bas de la descente de High-Street, et tout-à-fait à l’extrémité nord de la Trongate est situé le Town-Hall, élégante construction dans le style de la renaissance ; ce bâtiment que supporte un rang d’arcades aux pilastres rustiques, et dont les façades supérieures sont ornées d’un rang de pilastres ioniques, est couronné d’un balustre élégant, qui complète l’harmonie de l’édifice ; ses murs sont ornés d’armes, de trophées, et de portraits en pied représentant les souverains de la Grande-Bretagne, à partir de Jacques VI d’Écosse. On voit, à la suite de ces portraits, celui d’Archibald, duc d’Ar-