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GLASGOW.

haute fortune. « Voyez les armes de la ville, disent-ils : un oiseau, un arbre, un poisson, ne sont-ce pas là les symboles de la triple puissance de ses habitans, sur l’air, la terre et la mer ? — D’accord ; mais pourquoi ce poisson a-t-il une bague dans la bouche ? — C’est encore là une nouvelle preuve de la protection que le ciel accorde aux habitans de Glasgow, » nous répond l’historien Macure, et, à l’appui de son assertion, il raconte l’histoire suivante.

« Une dame de Glasgow, dont le mari était jaloux au-delà de toute expression, eut le malheur de perdre son anneau nuptial. La disparition de ce gage de fidélité accrut les soupçons du mari, qui, dans un accès de brutale jalousie, menaça sa femme de la tuer, si elle ne retrouvait pas l’anneau perdu. Celle-ci ne savait trop à quel saint se vouer, quand, en se promenant sur les bords de la Clyde, sans doute pour chercher sa bague, elle rencontra saint Mungo (l’histoire, on le voit, est fort vieille). La dame se jeta à ses genoux et lui dit qu’elle était perdue, si elle ne retrouvait sa bague. Saint Mungo, sans lui répondre, se tourna du côté d’un pêcheur qui relevait sa ligne. « Apporte-moi le poisson que tu viens de prendre, lui dit-il. » Le pauvre homme n’eut rien de plus pressé que d’apporter à son évêque un beau saumon qui se débattait au bout de la corde. Saint Mungo ouvrit la bouche du poisson et en tira adroitement l’anneau perdu, qu’il remit à la dame émerveillée. » Macure ne nous dit pas si le miracle de saint Mungo guérit le mari de sa jalousie ridicule ; en revanche, il nous donne l’explication qui suit des armes de la ville de Glasgow.

The salmon which a fish is of the sea,
The oak which springs from earth, that loftie tree,
The bird on it which in the air doth flee,
O Glasgow ! do presage all things to thee.
So while the air, or sea, or fertile earth
Do either give their nourishment or birth,
The bell that doth to public worship call
Says heaven will give most lasting things of all.
The ring the token of the marriage is
Of things in heaven and earth both thee to bless
[1].

Pennant, qui visita Glasgow en 1769, nous apprend que cette ville était, de toutes les villes du second ordre qu’il avait vues, l’une des mieux bâties. À cette époque, Glasgow ne se composait encore que des quartiers de High Street[2], des quartiers de la Gallow-Gate et de la Trongate. Le quartier de

  1. Le saumon qui habite la mer, le chêne majestueux qui s’élance de la terre, l’oiseau placé sur ses branches qui vole dans l’air, te présagent, ô Glasgow ! des prospérités sans nombre. Ainsi, tant que l’air, ou la mer, ou la terre fertile, donneront au poisson, au chêne et à l’oiseau, nourriture ou naissance, le ciel te donnera les biens les plus durables ; c’est ce qu’annonce la cloche qui appelle les fidèles à la prière. L’anneau est le gage du mariage des choses célestes et terrestres réunies pour te bénir.
  2. Glasgow a son High-Street, comme Édimbourg, et la position des deux rues est ana-