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lons divers, ces longues explorations autour du globe et poursuivi le relèvement des archipels océaniens. Si la carte du monde maritime n’est pas complète encore, quant aux détails, les lignes principales sont fixées, l’ensemble est arrêté. D’autres capitaines, non moins entreprenans, cherchaient en même temps la solution d’un problème plus ardu encore, celui d’une communication entre les deux océans au travers des mers polaires : Davis, Hudson, Baffin, Behring, et plus tard Parry et Ross, se dévouaient dans ce but à des dangers hors de proportion avec les résultats.

À côté de ces grandes reconnaissances collectives et pour la plupart officielles, des voyageurs isolés récoltaient pour la géographie sur toute la surface du globe. La Chine n’avait plus de secrets pour les missionnaires devenus tout puissans à la cour de Pékin ; les pères Gaubil, Verbiest, Adam Shall, préparaient les voies aux ambassades de Macartney et d’Amherst. L’Inde, vice-royauté anglaise, se révélait tout entière, dans son antiquité, aux savans Colebrooke et William Jones ; dans son état moderne, à l’évêque Héber, à Jacquemont et à tous les observateurs intelligens des Asiatic Researches ; Koempfer voyait le Japon ; Stamford Raffles, et Marsden les îles Malaises ; Chardin, Malcolm et Morier, la Perse ; Klaproth, l’Asie russe et tartare ; Hiram Cox et Crawford, la Birmanie ; Burkhardt, la Syrie ; Sadler, l’Arabie ; voilà pour l’Asie. L’Amérique n’était pas moins favorisée, car en tête de ses explorateurs figurait M. de Humboldt, le voyageur par excellence, le voyageur encyclopédique. M. de Humboldt s’appropriait, par l’autorité d’une science presque universelle, toute la partie équatoriale du nouveau-monde ; Bullock, Ward, Pentland, côtoyaient ou complétaient l’illustre touriste ; Spix et Martius, le prince Neuwied et Saint-Hilaire parcouraient le Brésil ; Poepig, le Chili et le Pérou ; Weddel, la Patagonie ; Mackensie, l’Amérique insulaire ; Pike, Long, Lewis et Clarke, les steppes qui s’étendent du Mississipi aux Montagnes-Rocheuses ; Mac-Gregor, le Canada ; Hearne, Franklin et Rack, la région boréale au-dessus des lacs. L’Afrique ne s’était point dérobée à ce vaste réseau de recherches : sans parler de l’Égypte, foulée par tant de curieux depuis Hérodote jusqu’à l’empereur Adrien, depuis le père Sicard jusqu’à Volney, ce précurseur de l’expédition française, l’Abyssinie et l’Éthiopie voyaient Bruce, Salt, Poncet et Combes s’engager dans leurs plateaux inhospitaliers ; la région hottentote se révélait à Levaillant et à Barrow, le Congo à Grand-Pré, à Tuckey et à Cardoso, le Sahara à Caillé, tandis que Mungo-Park, Bowdich, Denham, Clapperton, Laing et