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L’ANGLETERRE DEPUIS LA RÉFORME.

l’un des plus efficaces et des plus complets qui soient émanés de la législature britannique. Quoique cette mesure ne doive pas être rangée au nombre des conquêtes de parti, l’entraînement de la réforme et l’ébranlement d’idées qui suit toujours une entreprise décisive, l’ont seuls rendue possible : par elle s’est introduit dans l’administration anglaise un élément que le torysme n’en arrachera plus, élément si puissant déjà, que, par sa présence même, il affaiblit tout ce qui existe et qu’il profite de tout ce qui tombe.

L’aristocratie, attaquée au sein du parlement dans ses prérogatives héréditaires, insultée par M. O’Connell lors de son imprudente croisade de 1835 à travers l’Angleterre et l’Écosse, s’est trouvée assez forte pour résister à ces bruyans assauts et provoquer une réaction au sein de l’opinion alarmée. Mais lorsqu’au lieu de combattre contre les passions, elle a dû lutter contre les intérêts, la question a changé de face ; et quand elle maintenait avec le plus d’éclat sa puissance politique, elle était vaincue dans tout ce qui touchait aux fondemens de cette puissance même.

Un mouvement analogue s’est opéré en ce qui concerne l’église anglicane. Assez puissante pour parer les coups directement portés à son organisation religieuse et à sa fortune territoriale, l’établissement est désormais trop affaibli pour résister aux énergiques réclamations des dissidens. Réduit à se défendre et n’osant plus attaquer, il ne tente aucun effort pour rompre la ligne de circonvallation dont ses ennemis l’enveloppent de plus en plus.

Le retrait des incapacités affectant les protestans séparés de la communion anglicane avait précédé d’une année l’émancipation catholique. En plaçant les dissidens, par le rapport du corporation act, sur le même pied que les épiscopaux, en ce qui concerne l’administration municipale, la législature leur donnait pour l’avenir un gage de la conquête du droit commun. Comment s’expliquer, en effet, que l’éducation universitaire et les grades académiques pussent rester inaccessibles à des citoyens admis à la plénitude du pouvoir politique et local, classe qui, dans la Grande-Bretagne, représente plus du tiers de la nation, et forme dans beaucoup de villes la majorité de la bourgeoisie ? Une telle anomalie serait sans doute impossible dans les con-

    et sous certaines réserves. On ne voit pas pourquoi l’un des sexes aurait le monopole du libertinage et le privilége de l’impunité ; et s’il était un moyen quelconque en dehors des prescriptions religieuses de diminuer le nombre des enfans naturels, ce serait assurément celui dont l’Angleterre n’hésite pas à faire usage.