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L’ANGLETERRE DEPUIS LA RÉFORME.

que son importance n’est pas moindre sous ce rapport que sous tous les autres.

L’administration des lois concernant les pauvres était, comme on sait, jusqu’en 1834, confiée à des inspecteurs annuels, aux juges de paix et à la réunion paroissiale désignée sous le nom de vestry. Le premier effet de l’acte a été de substituer aux inspecteurs et aux magistrats des fonctionnaires spéciaux, salariés, choisis par tous les contribuables à la taxe des pauvres, mais révocables en cas de faute par une autorité supérieure. Au concours illusoire des vestries il a substitué celui d’un corps dit des gardiens (board of guardians), lesquels sont également choisis par l’universalité des contribuables (cl. 38-40-53-54).

À ce corps remontent les appels contre toutes les décisions rendues par les agens spéciaux ; il statue sur toutes les difficultés concernant la répartition de la taxe, fait les réglemens pour les maisons de travail, le tout sous l’approbation d’un bureau supérieur établi à Londres.

Ce bureau, composé de trois commissaires nommés par la couronne, est juge souverain de toutes les questions, centre de tous les renseignemens ; les administrations locales sont en communications incessantes avec lui, comme il l’est lui-même avec le secrétaire d’état de l’intérieur. Les commissaires royaux se choisissent neuf commissaires suppléans, des secrétaires, des clercs et autres officiers. Ils peuvent, ainsi que leurs suppléans, ouvrir des enquêtes, citer des témoins, contraints, sous peine de misdeamanour, de comparaître devant eux, et doivent présenter au ministère, pour être soumis au parlement, un rapport annuel sur l’application de la loi dans tout le royaume (15-52).

Dans le triple but d’égaliser les charges, de subvenir aux frais de construction des maisons de travail, de créer des administrations plus éclairées aussi bien que plus indépendantes, cet acte a fondé les unions de paroisses (26-37). Il a conféré au bureau central de Londres le pouvoir de réunir un certain nombre de communes pour l’entretien de leurs pauvres, la construction d’un workhouse commun, et généralement pour tout ce qui se rapporte à l’application de la loi. Le corps électif des gardiens exerce ses attributions dans toute l’étendue de l’union, correspondant à peu près à notre ancienne circonscription de district ; il en devient l’autorité constituée et le centre administratif. C’est en ceci que se révèle la gravité d’une innovation