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sentimens, en tout temps publiés ou consignés dans ses vers, font foi de la sincérité avec laquelle, au milieu de ses regrets, il dut accueillir le retour de la race de Henri IV. Encore grand-maître lors de la distribution des prix de 1814, il put, dans son discours, avec un côté de vérité qui devenait la plus habile transition, expliquer ainsi l’esprit de l’université sous l’empire. « Resserrée dans ses fonctions modestes, elle n’avait point le droit de juger les actes politiques ; mais les vraies notions du juste et de l’injuste étaient déposées dans ces ouvrages immortels dont elle interprétait les maximes. Quand le caractère et les sentimens français pouvaient s’altérer de plus en plus par un mélange étranger, elle faisait lire les auteurs qui les rappellent avec le plus de grace et d’énergie. L’auteur du Télémaque et Massillon prêchaient éloquemment ce qu’elle était obligée de taire devant le génie des conquêtes, impatient de tout perdre et de se perdre lui-même dans l’excès de sa propre ambition. En rétablissant ainsi l’antiquité des doctrines littéraires, elle a fait assez voir, non sans quelque péril pour elle-même, sa prédilection pour l’antiquité des doctrines politiques.

« Elle s’honore même des ménagemens nécessaires qu’elle a dû garder pour l’intérêt de la génération naissante ; et, sans insulter ce qui vient de disparaître, elle accueille avec enthousiasme ce qui nous est rendu. »

Mais, en parlant ainsi, le grand-maître était déjà dans l’apologie et sur la défensive ; les attaques, en effet, pleuvaient de tous côtés. Nous avons sous les yeux des brochures ultra-royalistes publiées à cette date, et dans lesquelles il n’est tenu aucun compte à M. de Fontanes de ses efforts constamment religieux et même monarchiques au sein de l’université. Enfin, le 17 février 1815, une ordonnance émanée du ministère Montesquiou détruisit l’université impériale, et, dans la réorganisation qu’on y substituait, M. de Fontanes était évincé. Il l’était toutefois avec égard et dédommagement ; on y rendait hommage, dans le préambule, aux hommes qui avaient sauvé les bonnes doctrines au sein de l’enseignement impérial, et qui avaient su le diriger souvent contre le but même de son institution.

    moment à la Clé du Cabinet avec Garat. On n’en finirait pas, si l’on voulait tout rechercher : il serait presque aussi aisé de savoir le compte des journaux où Charles Nodier a mis des articles, et il y faudrait l’investigation bibliographique d’un Beuchot. On comprend maintenant ce que veut dire cette paresse de Fontanes, laquelle n’était souvent qu’un prêt facile, et une dispersion active. Rien d’étonnant, quand il eût cessé d’écrire aux journaux, que son habitude de plume le fasse soupçonner derrière plus d’un acte public, dans un temps où M. de Talleyrand, avec tout son esprit, ne sut jamais rédiger lui-même deux lignes courantes