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à entrer en participation avec un système en dehors duquel il lui est si facile de rester.

En terminant cette esquisse rapide de la situation encore nouvelle ou incertaine d’états divers soumis presque tous à des modes de gouvernement pour qui la publicité n’est pas un besoin, nous remarquerons qu’il est difficile d’obtenir, sur le mouvement commercial qui appartient à chacun d’eux, des renseignemens assez détaillés et portant sur une période assez longue pour en faire usage par comparaison avec le commerce de la France. Mais deux autres grandes nations, la Grande-Bretagne et les États-Unis d’Amérique, livrant chaque année à l’impression les documens les plus complets sur les diverses branches de leur état social, nous nous en sommes servis de notre mieux pour apprécier leur marche simultanée. Ces trois peuples, dans des positions différentes, se montrent aujourd’hui, par leur puissance, leur intelligence et leur activité, à la tête du monde civilisé.

Notre intention n’est point, ainsi que nous l’avons dit, de présenter ici l’analyse incomplète d’un ouvrage qui n’est lui-même qu’une collection de faits intéressans à des titres divers, mais bien de nous servir de ces faits et de les grouper de façon à en tirer l’enseignement que nous avons cru y remarquer. L’époque où commence la période décennale adoptée par l’administration des douanes est assez heureusement choisie, parce qu’elle a trouvé les effets de la crise anglaise de la fin de 1825 amortis. Cette crise, due à l’inintelligence avec laquelle la nation britannique avait reçu les premiers développemens du système de M. Huskisson, avait pesé encore sur une partie de l’année 1826 ; donc le mouvement commercial reprenait au commencement de 1827 la progression ascendante qui lui avait été imprimée depuis la paix générale, et que chaque perturbation politique ou financière interrompt momentanément. Les trois peuples dont nous entendons comparer le système se trouvaient dans des conditions à peu près semblables, et aucun évènement, depuis lors, n’est venu affecter le commerce de l’un d’eux sans réagir sur celui des autres.

Le commerce ne marche pas d’une manière périodique et régulière. Si quelque obstacle amène une lacune dans ses rapports, le développement est d’autant plus vif, lorsque cet obstacle cesse d’agir, et une réaction s’établit ensuite pour ramener les transactions à leur état normal. Nous avons jugé utile de diviser la période décennale en groupes successifs de trois années, laissant en dehors de notre comparaison la dernière année 1836. Cette année de 1836, si nous ne nous trompons, doit être prise isolément, et se montrera supérieure à la moyenne qui proviendra de sa réunion avec les années 1837 et 1838, qui ont ressenti l’influence de la crise des États-Unis. Mais pour comprendre les chiffres moyens de ces périodes particulières, tant pour la France que pour la Grande-Bretagne et les États-Unis, nous devons donner quelques explications sur le système qui préside aux évaluations officielles dans chacun des trois pays. — Le résumé de notre travail se trouve dans les tableaux suivans :