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des communications utiles, à nous plaindre de la réserve avec laquelle le pouvoir dispensait les lumières dont seul il était en possession, nous éprouvons une satisfaction d’autant plus vive d’avoir à louer la libéralité avec laquelle on facilite aujourd’hui, en France, les travaux des hommes qui se vouent à l’examen des causes de la prospérité nationale.

Dans ses rapports avec le public, l’administration des douanes a échappé à la fausse direction qui lui avait été imprimée sous l’empire, et que la restauration avait soigneusement conservée ; elle a cessé, au grand avantage de l’état, de renfermer dans ses archives les faits importans dont chaque jour elle recueille les détails. Surveillante d’une des branches du revenu public, elle possède les moyens de constater chacun des actes du commerce, dont les mouvemens lui sont soumis. Le système qu’elle applique ne lui appartient point ; ce système émane du pouvoir politique, et il est l’expression de l’économie politique, à ce degré où, comme science, elle a pénétré dans les lois du pays. Sous ce rapport, on doit savoir d’autant plus de gratitude à cette administration du soin extrême qu’elle apporte dans les travaux qui émanent d’elle, et qui doivent servir à déterminer les modifications que notre système exige. Les hommes éclairés qui dirigent cette administration et président à ces travaux, ne s’arrêtent point dans la voie des améliorations qu’ils peuvent y introduire ; les documens qui sortent de leurs mains se montrent de plus en plus complets, et le deviendront encore davantage, à mesure que les chambres, sentant le besoin de lumières nouvelles, ne reculeront pas devant la dépense nécessaire pour les obtenir.

Après avoir fait succéder, depuis 1824, aux renseignemens au-dessous de toute critique, que l’ancienne direction livrait à regret aux chambres, des tableaux annuels méthodiquement disposés, et soumis à une loi commune d’appréciation, l’administration des douanes vient de faire paraître le résumé de ses travaux sur le commerce intérieur en un beau volume, sous le titre de Tableau décennal du commerce de la France avec ses Colonies et les puissances étrangères, de 1827 à 1836. Importations, exportations, navigation, transit, entrepôts, pêche, revenu recueilli et primes payées, tout est rassemblé et groupé sous des points de vue divers, afin qu’aucune des idées que ce travail peut faire germer ne soit arrêtée faute d’une donnée qui conduise à la solution. Ce n’est pas que nous accordions notre assentiment à toutes les subdivisions et à toutes les classifications dont l’administration fait usage : quelques-unes sont inutiles, d’autres reposent sur des erreurs ; mais, comme nous ne voyons pas que l’importance de l’ouvrage en soit altérée, ni qu’il soit plus difficile de s’en servir, notre critique sur ce point ne nous empêche point de convenir de son utilité extrême.

Dans l’état de paix où, depuis tout à l’heure un quart de siècle, l’Europe, ou, pour mieux dire, le monde, a pu heureusement se maintenir, la fortune publique de chaque état s’est accrue avec une grande rapidité. Le travail a partout produit des capitaux nouveaux, et comme la terrible consommation de la guerre n’est pas venue les détruire, ces capitaux nouveaux ont fructifié