Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 16.djvu/723

Cette page a été validée par deux contributeurs.
719
REVUE. — CHRONIQUE.

les supériorités intellectuelles ne pourraient, sans honte et sans opprobre, revenir d’une erreur, et refuser de se prêter aux vues des ennemis des institutions ? Seraient-ce là le beau idéal des idées de l’opposition, et le véritable gouvernement représentatif qu’elle se met en devoir d’établir en France ?

Heureusement, les passions elles-mêmes ne servent pas long-temps les calculs des partis. Les auditeurs de M. Lerminier, s’il s’en trouvait à cette séance scandaleuse qui appartinssent réellement aux écoles, auront aussi leur tour. Le temps de saines études, leur montreront bientôt le vide et le mensonge des déclamations dont leur jeunesse est dupe. Quant à ceux au bénéfice de qui elles se font et qui y mêlent leur voix, nous les attendons au lendemain de leur entrée dans le cabinet, où retentit encore l’écho des calomnies, des injures et des outrages dont ils ont été l’objet de la part de ceux qui les portent aux nues aujourd’hui !

Le maréchal Lobau, qui vient de terminer sa glorieuse carrière, laisse une place bien difficile à remplir après lui ; car le vieux soldat de Napoléon avait conquis une popularité justement méritée dans la garde nationale de Paris, qui l’avait vu avec orgueil à sa tête dans les jours de crise. On a rapporté, à l’occasion de la mort du commandant en chef de la garde nationale, tous ses titres à la gloire et aux regrets de ses concitoyens. On a parlé des gages qu’il avait donnés à la liberté comme à l’ordre, et du patriotisme qui l’avait décidé, sans hésiter, à prendre place dans la commission de l’Hôtel-de-Ville. On n’a pas ajouté que la confiance que l’illustre maréchal avait inspirée au roi comme à ceux qui étaient sous ses ordres, était d’autant mieux méritée, que le maréchal Lobau portait partout avec lui une franchise rare et une véritable indépendance. Ceux qui l’ont vu peu de temps avant sa mort exiger paternellement, mais avec fermeté, qu’on lui rendît tous les honneurs dus à son rang de maréchal de France, et que pouvaient ignorer d’augustes enfans, ne verront pas sans doute dans le vieux maréchal, dont s’apprêtent les funérailles, un homme qui avait beaucoup sacrifié à l’esprit des cours. Est-ce là ce qu’a voulu faire entendre un journal de l’opposition en disant que le maréchal Lobau n’a été « qu’un instrument passif du système mis en œuvre par les ministres qui gouvernaient et ordonnaient. » Ce journal aimerait-il mieux que le maréchal Lobau eût été un chef de faction ; et n’a-t-il pas été, selon les paroles même que nous citons, un véritable fonctionnaire constitutionnel ? C’est pourtant dans le parti où l’on prétend enseigner les véritables principes du gouvernement représentatif, qu’on tient un tel langage. — Parmi les personnes que l’opinion a désignées pour succéder au maréchal Lobau, on a distingué le nom du maréchal Maison, illustre guerrier, qui a également donné des gages aux institutions de juillet, dès la formation de ce régime.


— La rentrée des cours de la Faculté des Lettres est un des faits importans de cette semaine. M. Patin, M. Saint-Marc Girardin, ont rouvert leurs cours devant un public studieux et choisi. Nous aurons occasion, dans une