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DE
LA VIE DE JÉSUS
PAR LE DOCTEUR STRAUSS.

Pourquoi chercher à m’en défendre ? C’est comme malgré moi qu’après un long retard je suis conduit à traiter ici du sujet contenu dans ce titre. Plus j’y pense, plus me pèse l’engagement d’exposer fugitivement dans ce recueil les questions récemment soulevées par la théologie allemande. Comment resserrer dans quelques pages incohérentes ce qui devrait être l’examen de toute une vie ? Pourquoi offrir à l’amusement d’un public dédaigneux les problèmes jusqu’ici renfermés dans l’enceinte des écoles ? Est-il possible, en un si grand débat, de présenter, avec la même lumière, les objections et les réponses ? Et si l’on manque à cette première condition, n’est-ce pas attirer sur soi le plus grand des reproches ? Car, enfin, je ne puis l’oublier ; il ne s’agit pas ici d’un démêlé littéraire, mais bien du livre qui, pour le plus grand nombre, est la nourriture, la force, l’espérance, et, pour tout dire, la vie même. Je ne suis point de ceux qu’une formule métaphysique console de toutes les ruines ; et, quand il n’y aurait parmi mes lecteurs qu’une seule ame sincèrement croyante, je la tiendrais pour plus respectable à ce titre que cette foule sans figure et sans nom, qui, ne vivant ni dans la religion, ni