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ce traité de Limerick, consenti par Guillaume III, qui garantissait à ce pays sa liberté civile et religieuse, et cette promesse de M. Pitt qui seule avait décidé l’adhésion de l’Irlande à l’union législative. D’ailleurs n’était-il pas absurde d’avoir concédé, en 1793, sous le coup de la peur, le droit électoral aux catholiques irlandais (concession qui ne fut pas faite aux catholiques d’Angleterre), et de persister à leur refuser le droit de siéger au parlement, conséquence directe du premier, alors que l’Irlande se montrait bien autrement menaçante ? Si la résistance de ce pays pouvait d’une heure à l’autre perdre son caractère légal, si une scission était imminente, n’était-ce pas parce que l’acte d’union, arraché à l’aide d’une espérance fallacieuse, avait rivé ses chaînes et aggravé toutes ses misères ? Quel avait été le crime de l’Irlande au XVIIe siècle, sinon sa fidélité à ses croyances et au malheur ? Quels griefs plus récens avait l’Angleterre à faire valoir contre elle ? Ne l’avait-on pas trouvée dévouée dans les épreuves d’une longue guerre ? son sang n’avait-il pas coulé à Waterloo ? n’avait-il pas, aussi bien que le sang anglais, rougi les flots de Trafalgar ?

Le torysme n’avait garde d’accepter la question ainsi posée. Lorsque cette grande thèse venait annuellement agiter la Grande-Bretagne, le gros du parti s’attachait à ranimer de profondes antipathies

    2,298,369 liv. sterl. aux énormes revenus de l’église irlandaise, pour le maintien et accroissement de l’établissement protestant dans cette île, il résulte des chiffres présentés dans la session de 1834 par lord Morpeth, secrétaire pour l’Irlande, que la progression de la population épiscopale a toujours été décroissante. M. Ward avait constaté pour plusieurs diocèses que, quoique la population totale eût quadruplé depuis un siècle, le nombre des protestans était tombé d’un cinquième comparativement à ce qu’il était en 1751. Les chiffres du gouvernement établissent des faits analogues pour un grand nombre d’autres diocèses. Ainsi, en prenant pour base les deux années 1766 et 1834, on trouve que les deux cultes étaient alors et sont aujourd’hui dans les rapports suivans :

    1766. 1834.
    Protestans. Catholiques. Protestans. Catholiques.
    Armagh 
    1 1 1/4 1 1 3/4
    Derry 
    1 2/3 1 1 1/8
    Down et Connor 
    10 2 2/3 10 4
    Dromore 
    10 6 10 7
    Raphoe 
    1 1 1/3 1 2 3/4
    Kildare 
    1 3 1/2 1 8 1/4
    Kilmore Ardagh 
    1 4 3/4 1 6
    Calne 
    1 9 1 30
    Cork et Ross 
    1 5 1 9
    Cloyne 
    1 8 1 23
    Elphin 
    1 10 1 18
    Killaloe 
    1 9 1 18 1/2
    Killala 
    1 6 1 8 1/4
    Tuam 
    1 9 1 46