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REVUE. — CHRONIQUE.

ficultés, avait soulevé des questions qu’il fallait mûrement examiner. Le roi Guillaume ne s’attendait pas, sans doute, à ce qu’au premier mot sorti de sa bouche, la Belgique reconnaissante et soumise lui portât les clés de Venloo, lui payât l’arriéré de la dette, ne demandât point à l’Europe une révision quelconque du procès jugé en 1831, n’essayât point de se soustraire à quelques clauses évidemment trop rigoureuses de l’arrangement qu’elle avait accepté alors pour en finir et pour prendre rang parmi les nations. Or, la Belgique a réclamé, comme elle devait le faire, et contre le paiement de l’arriéré que rien ne justifierait, et contre le partage de la dette, partage réglé sur des documens incomplets, sur des données inexactes et sans débats contradictoires entre les deux parties ; elle a réclamé aussi contre certaines stipulations relatives à la navigation des eaux communes et intermédiaires. Elle en avait pleinement le droit, car s’il est vrai de dire, selon l’expression d’un homme d’état anglais, que la Belgique n’existe pas en dehors du traité des 24 articles, ceci ne doit certainement s’entendre que des stipulations territoriales, les seules qui fussent d’intérêt européen, ainsi que le faisait observer M. le comte Sébastiani dans une dépêche du 1er  mars 1831, adressée au prince de Talleyrand. Et vraiment, c’était, il me semble, bien assez de reconnaître que l’inexécution du traité pendant sept ans n’avait pas fait perdre au roi des Pays-Bas ses droits sur une partie du Luxembourg et du Limbourg, sans aggraver encore les sacrifices de la Belgique par le maintien de clauses financières que la conférence elle-même n’avait adoptées en 1831 qu’avec une certaine hésitation, avec des réserves qui indiquaient une conscience alarmée sur la justice de son verdict, et faute des renseignemens qui l’auraient obligée à prendre une résolution différente.

Ce que la Belgique avait le droit de faire, elle l’a donc fait. Depuis qu’elle avait cessé de craindre pour son existence, plusieurs de ses publicistes avaient eu le loisir d’étudier et de vérifier les calculs en vertu desquels la conférence lui avait imposé en 1831 une dette de 8,400,000 florins de rente annuelle ; et de cet examen était résultée la preuve qu’on l’avait surchargée. À la reprise des négociations, le gouvernement belge ne manqua point de faire valoir ce résultat, et pour le corroborer, il nomma une commission spéciale, chargée d’informer officiellement sur tous les élémens de la dette. MM. Dujardin et Fallon, très versés l’un et l’autre dans ces matières, se rendirent à Paris, où le ministère des finances leur communiqua des documens précieux et d’une incontestable exactitude, sur cette partie de la dette belge qui provenait du temps de la réunion avec la république et l’empire. On décomposa encore d’autres chapitres, et on trouva qu’il y avait eu de la part du cabinet de La Haye, qui avait fourni les chiffres, exagération des charges que devait supporter la Belgique. Telles sont les bases sur lesquelles est fondée une demande de réduction, faite à la conférence par le plénipotentiaire belge, et appuyée par les mêmes commissaires spéciaux, MM. Fallon et Dujardin. Je n’ai pas besoin de vous dire, monsieur, que le pléni-