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REVUE. — CHRONIQUE.


— On commence à s’occuper beaucoup en France de la réforme des prisons. Nous avons sous les yeux un ouvrage traduit de l’anglais, sous le titre d’Esquisse de l’origine et des résultats des associations de femmes pour la réforme des prisons en Angleterre[1]. L’auteur, mistriss Fry, s’est particulièrement dévouée à l’amélioration des prisons pour les femmes. À la tête d’une association de femmes courageuses, généreuses, ou, pour parler plus simplement, chrétiennes, cette personne de mérite a multiplié les observations, les essais ; elle pratique et elle écrit. Mlle Ulliac Trémadeure, qui pratique elle-même, et que M. le ministre de l’intérieur a chargée d’une mission au sein de nos prisons de femmes, vient de traduire l’ouvrage de mistriss Fry. C’est par de telles études et de semblables comparaisons où la charité se conforme à l’expérience, où la ferveur morale s’appuie humblement à la patiente statistique, qu’on arrivera pas à pas à des effets sûrs et durables. En 1815, Mme de Krüdner faisait une visite à Saint-Lazare ; elle prêchait éloquemment ces femmes vicieuses, et poussait tout d’un coup leur sensibilité aux gémissemens et aux larmes : mais rien ne sèche si vite qu’une larme. Le bien s’obtient plus lentement, avec moins de larmes encore que de sueurs. Le livre de mistriss Fry, traduit et augmenté par Mlle Trémadeure, sera donc consulté comme indispensable par les hommes d’état et les gens de bien qui s’occupent de cette œuvre méritoire. Les résultats de Newgate et de Lancastre se combineront avec ceux de nos Saint-Lazare. La reconnaissance publique s’attachera aux noms des écrivains praticiens qui poursuivent cette œuvre sainte des Howard selon la méthode positive des Parent-Duchâtelet.

  1. vol. in-8o, chez Didier, quai des Augustins, 47.