que cette réélection, si elle a lieu, est encore un triomphe pour eux, comme l’a été la réélection de M. Jacqueminot.
La coalition n’a pas tort de vouloir détruire le corps électoral et changer la chambre. Elle a ses raisons, et sa logique est bonne. Nous avons vu la coalition échouer dans la dernière session, devant une chambre encore incertaine. On peut même dire que les résultats ont été magnifiques, après les tiraillemens qui étaient résultés du nouvel arrangement des partis. Que s’est-il passé depuis ? Les partis se sont agités en raison inverse du besoin de repos et d’ordre qui domine la France. Qu’ont-ils produit ? La pétition de la réforme électorale, quelques signatures qu’on arrache à grand renfort d’obsessions et d’articles de journaux. Et le résultat de cette pétition, que sera-t-il, sinon une preuve nouvelle du peu de consistance d’un parti qui se compose de dix partis différens, et qui ne cherche plus sa force qu’en dehors de toutes les institutions existantes ? L’opposition a beau se recruter dans tous les rangs, elle ne se renouvelle pas ; elle a beau voir ses idées repoussées, elle se présente sans cesse avec les mêmes plans et les mêmes projets, et c’est ce qu’elle fera encore à la session prochaine. Il est vrai que la réforme électorale et le suffrage universel, vieux thème usé sur toutes ses faces par un journal légitimiste et par les feuilles radicales, aurait un certain caractère de nouveauté dans l’opposition parlementaire, qui se dit encore dynastique et modérée. Mais le principe de la réforme sera-t-il adopté par les représentans de cette opinion dans la chambre ? Nous en doutons, et nous espérons pour eux-mêmes qu’ils le rejetteront.
Plusieurs feuilles qui se donnent pour les organes officiels de quelques députés influens, appuient déjà ouvertement la pétition pour la réforme électorale. D’autres l’encouragent, tout en enveloppant leur opinion de phrases un peu confuses. Quant à douter du droit qu’ont ces feuilles, de parler au nom des hommes d’état qu’elles invoquent, on ne le peut guère ; leur langage est trop affirmatif. Ainsi un journal, appelant récemment l’attention publique sur la situation de l’Espagne, citait à la fois l’opinion du Journal Général, du Siècle et du Commerce, opinion conforme à la sienne, et en concluait que M. Guizot, M. Barrot, M. Mauguin et M. Thiers sont d’accord pour flétrir la politique du gouvernement français, qui perpétue les malheurs de l’Espagne. Donc, en s’attachant à l’ordre établi par le journal que nous mentionnons, M. Guizot parlerait dans le Journal Général, M. Barrot dans le Siècle, M. Mauguin dans le Commerce, et M. Thiers dans le journal qui constate ces faits. Ce journal est le Nouvelliste.
Nous ne ferons pas ressortir tout ce qu’il y a de grave pour les hommes d’état qu’on vient de désigner, à se porter inspirateurs des journaux cités, cas beaucoup moins grave pour le patron du Nouvelliste, journal qui affecte des formes modérées et un langage assez digne, que pour M. Guizot, qui répondrait ainsi d’un journal violent et injurieux, où les plus simples convenances ne sont pas respectées. Nous nous en tiendrons simplement au fait.