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LA PRESSE POLITIQUE.

sabilité politique de l’administration ? D’où vient ce déraisonnable acharnement contre un homme jeune, qui depuis huit ans grandit en expérience et en talent, sous les yeux du public, dans la pratique du ministère et dans les débats de la tribune ; qui, par un tact heureux, une vive intelligence de l’esprit de notre époque, a su se concilier les suffrages des générations contemporaines dont il suit avec sympathie les travaux et les progrès ? Nous le savons mieux que personne, nous à qui M. de Montalivet a ouvert, en 1831, la carrière du haut enseignement, nous qui l’avons toujours vu considérant la révolution de 1830 et le gouvernement qu’elle a fondé comme devant être, pour le pays, pour les générations nouvelles, une source de prospérités et de brillans développemens dans tout ce qui constitue la civilisation d’un grand peuple. Il y a dans M. de Montalivet une sève de jeunesse et d’avenir, une facilité à porter les affaires, un remarquable mélange de patience et de décision, qui peuvent faire la joie et l’orgueil de ses amis.

La grande erreur de la presse est de croire que le public la suit dans ses rancunes ou dans la routine de ses préjugés. Ne voyons-nous pas le gouvernement oser des choses nouvelles conformes aux goûts de notre siècle, utiles à ses tendances, et la presse opposante se faire l’organe des réclamations chagrines du vieil esprit ? Pour vous en donner un exemple, monsieur, que pouvait exécuter de plus avantageux aux fortes études le ministre de l’instruction publique, M. de Salvandy, que d’appeler dans des chaires nouvelles des hommes jeunes et cependant déjà célèbres ? Est-ce montrer du mauvais vouloir pour les travaux et les idées des générations nouvelles que d’élever à l’enseignement supérieur MM. Bergman, Gustave Planche, Ravaisson, Quinet et Marmier ? Je puis vous affirmer que depuis long-temps aucun acte du gouvernement ne m’a paru plus heureux et causé une satisfaction plus complète. L’université a ses traditions et ses disciplines, sa marche sûre, mais parfois un peu lente. Cette grande institution, que nous devons au génie de l’empereur, sera d’autant plus puissante qu’elle recevra dans son sein plus d’hommes d’élite et de sages novateurs. De cette façon, elle pourra présenter au pays le double avantage de la tradition et de l’esprit progressif. Voilà ce qu’a compris le gouvernement, qui, depuis son origine, a eu l’admirable instinct de ne pas craindre les développemens de la pensée, parce qu’il a senti qu’à la différence de l’empire et de la restauration, il avait son point d’appui dans l’opinion et dans la publicité. La presse s’est-elle montrée aussi libérale que le gouvernement ?