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ATHÈNES
SOUS LE ROI OTHON.

À M. De Pouqueville.


Athènes,…… 1838.
Mon cher ami,

Vous serez peut-être surpris de recevoir d’Athènes une lettre qui vous soit adressée par moi, qui habite cette ville depuis hier, à vous qui l’avez si bien connue. Mais l’Athènes où je suis n’est plus celle où vous étiez. C’est une ville toute nouvelle, où vous auriez peine à vous reconnaître, où vos souvenirs mêmes d’autrefois nuiraient à vos observations d’aujourd’hui, où vous chercheriez en vain tout ce qui fut familier à vos regards et cher à votre cœur, où tout est changé enfin, les hommes aussi bien que les édifices. Votre étonnement redouble, et je crois qu’il s’y mêle un peu de curiosité ; souffrez donc que je vous expose le tableau de cette ville, telle qu’elle est à présent, et telle que je la vois ; et si, en le comparant avec celui que vous avez emporté, vous y trouvez trop de différences, n’accusez pas votre mémoire, ni mon imagination ; n’accusez pas non plus le temps, qui nous vieillit si vite, ni même les Turcs, qui ont tant détruit ; et pour savoir à qui vous devrez vous en prendre de ces disparates qui vous choquent et de ces ruines qui vous affligent, attendez la fin de ma lettre.

Vous avez éprouvé plus vivement que personne l’émotion dont on ne peut se défendre en approchant d’Athènes. Tant de souvenirs se pressent à ce seul