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leur énergie, et que, sous des formes peut-être moins factieuses, mais avec une égale persistance, elles maintiendraient contre la royauté, si celle-ci se trouvait en lutte avec elles, l’opposition qui n’avait reculé ni devant le détrônement ni devant la condamnation de Charles Ier.

La haute aristocratie, pépinière de la haute église, appartenait de plus en plus au protestantisme épiscopal par ces intérêts de fortune et de caste avec lesquels il n’est pas de transaction à tenter ; l’opinion presbytérienne dominait dans une partie de la noblesse provinciale et dans la bourgeoisie tout entière des villes corporées. Or, au XVIIe siècle, la bourgeoisie exerça une influence presque sans contrepoids au sein des communes d’Angleterre ; ce ne fut qu’au siècle suivant, après Guillaume et sous la reine Anne, que la seconde chambre devint, par l’influence chaque jour croissante de la pairie, une sorte d’annexe de la chambre héréditaire, à l’usage presque exclusif de ses branches cadettes.

Le presbytérianisme, contraint de transiger avec la royauté restaurée sur l’existence de l’épiscopat, sembla vouloir faire payer aux catholiques cette concession arrachée à ses plus vives répugnances. Il toléra les évêques sous condition que ceux-ci fussent plus persécuteurs qu’il ne l’était lui-même ; il n’accorda pas à l’église établie un bout de surplis, une nappe d’autel ou un grain d’encens, sans que les malheureux restés fidèles à la foi de leurs ancêtres, et qui, malgré de si longues persécutions, formaient encore une portion très considérable des sujets britanniques, ne vissent, en gage de la réconciliation de leurs communs ennemis, s’appesantir le joug qui vient à peine de se briser pour eux.

De son côté, l’église légalement établie, ayant conscience de son impopularité dans la bourgeoisie des villes et du mépris auquel l’avaient livrée les longues turpitudes de ses évêques, ne sut rien de mieux, pour conquérir quelque force, que d’en appeler aux plus grossiers préjugés, aux passions les plus sauvages. L’anglicanisme épiscopal, auquel, sous Charles Ier, l’archevêque Laud et toute l’université d’Oxford tendaient à imprimer une couleur de plus en plus catholique, subit, à cette époque, une transformation remarquable. Alors commença, contre la Babylone écarlate, cette croisade où la mauvaise foi le dispute à la brutalité populaire, et dans laquelle entrèrent à l’envi des prélats riches à millions et de pauvres fanatiques de carrefour.

Les tendances réactionnaires de la restauration n’auraient peut-être