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à l’empereur la double demande de M. Louis Bonaparte, qui avait également sollicité, et encore en vain, une audience du roi de Wurtemberg, avec la permission de se rendre à Stuttgard. Le roi de Wurtemberg a répondu en appuyant la demande d’expulsion, et en faisant savoir à qui de droit, à Lucerne, que le Wurtemberg s’associerait aux mesures qui seraient prises en commun contre la Suisse, s’il fallait que la France recourût aux moyens de contrainte.

Les conférences de Londres, relatives à l’affaire hollando-belge, s’ouvriront de nouveau le 25 de ce mois. Le roi Léopold paraît n’avoir fait encore que peu de progrès à Londres dans l’esprit des plénipotentiaires ; mais on espère cependant que les conférences s’ouvriront sous des auspices favorables à la Belgique. L’affaire de M. Fabricius, et la façon dont en parle le Journal de La Haye, ne sauraient produire un effet très avantageux à la cause de la Hollande. Pour justifier M. Fabricius, le Journal de La Haye demande comment un ministre, rompu aux affaires par trente-six ans de carrière diplomatique, aurait pu faire un traité avec le sieur Chaltas, pour enlever frauduleusement des papiers appartenant à l’état ? C’est là cependant ce qui a été fait par M. Fabricius, et puisque le Journal de La Haye prétend que l’ordonnance de non-lieu a été rendue sur des pièces supposées, qui n’ont jamais été écrites par M. Fabricius, on lui offre un moyen de s’assurer de la vérité. Les pièces dont il s’agit sont dans un dépôt de justice ; M. Fabricius peut en faire prendre copie et les livrer à la publicité : c’est son droit. L’épreuve lui convient-elle ? Nous prions à notre tour le Journal de La Haye, qui aime les réponses catégoriques, de nous en faire une. La justification de M. Fabricius est dans ses mains. S’il n’use pas de ce moyen facile, c’est qu’il aura de bonnes raisons pour s’abstenir, et l’on sera sans doute en droit de ne plus prendre part à une polémique qui serait désormais sans but.

Si la bonne foi de M. Fabricius a fait école en Hollande, on pourrait aussi se dispenser d’examiner les chiffres de la dette hollando-belge, tels qu’ils ont été présentés par les commissaires hollandais. Toutefois, lord Palmerston, dans l’espoir d’arriver à un résultat équitable, a fait demander aux gouvernemens belge et hollandais les chiffres les plus modérés qu’ils pourront produire à cet égard, et il compte proposer à la conférence de prendre un terme moyen entre ces deux fixations. Cette démarche de lord Palmerston a été motivée, dit-on, par les dispositions des membres de la conférence, qui paraissent peu portés à entrer, avec les parties contendantes, dans la discussion du traité des 24 articles, et qui ont manifesté l’intention de fixer eux-mêmes la quotité de la dette. D’après ce que nous venons de dire, on peut prévoir que les séances de la conférence de Londres se prolongeront peut-être plus long-temps qu’on ne pensait, et donneront lieu à une opposition de la part des parties intéressées. Le rôle de la France est tout tracé. Elle n’abandonnera pas la cause de la Belgique ; elle saura concilier, ici comme ailleurs, tous les devoirs que lui commandent ses intérêts politiques, ses alliances et sa dignité.