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NAVIGATION À LA VAPEUR.

grave, et dont on regrette de ne trouver aucune explication dans les documens officiels.

Les 105 bateaux à vapeur de 1836 étaient mus par 122 machines, dont 87 à basse pression et 35 à haute pression, représentant une force collective de 4,150 chevaux, ce qui suppose pour chaque bateau une force de 40 chevaux, moyenne qui, l’année antérieure, n’était que de 35. La machine la plus forte ne s’élève pas au-delà de 70 chevaux, la plus faible est de 6, fait qu’expliquent suffisamment les conditions de navigabilité de nos fleuves. Quelques-uns de ces bateaux ont du reste deux machines, comme le Neptune, dont la puissance est ainsi de 140 chevaux, et qui joue le rôle de remorqueur sur la Seine. Pour compléter ce relevé, il faudrait y ajouter les navires à vapeur de l’état, qui sont au nombre d’environ 40, et dont plusieurs s’élèvent jusqu’à une puissance de 220 chevaux, ainsi qu’une vingtaine de bateaux appartenant au commerce ; mais ce qu’il importe surtout de mentionner, c’est le beau service des paquebots de la Méditerranée, établi en 1836 par le gouvernement. Depuis long-temps déjà, la Méditerranée était sillonnée dans tous les sens par les steamers anglais, napolitains, autrichiens et sardes ; nous-mêmes nous avions sur cette mer, en 1836, 21 navires à vapeur servant à nos relations avec l’Afrique. Il était de la plus haute importance pour nos intérêts politiques et commerciaux, de nous y assurer des communications régulières et rapides avec le Levant. La conservation d’Alger peut-être dépend de la prépondérance que nous prendrons sur la Méditerranée. Si nous ne devons pas y être les maîtres absolus, si la Méditerranée ne doit pas devenir un jour, dans toute la réalité du mot, un lac français, au moins devons-nous, sous peine de déchéance politique, nous qui possédons Alger, Marseille et Toulon, y naviguer de pair avec les plus vaillans. Il faut reconnaître à cet égard que la création des paquebots méditerranéens est l’un des actes du gouvernement qui ont le plus de portée pour l’avenir.

Rien n’a été négligé pour instituer ce service sur le meilleur pied. C’est sur les plans des bateaux à vapeur de l’amirauté et du Post-Office, qui font le trajet de Falmouth à Lisbonne, à Malte, à Corfou, qu’ont été construits nos paquebots. Ils sont au nombre de 10, d’une contenance chacun de 380 tonneaux, d’une force de 160 chevaux, et pouvant recevoir 70 passagers. Le service embrasse deux lignes, l’une de Marseille à Constantinople, l’autre, qui croise la première, d’Athènes à Alexandrie. Entre Marseille et Constantinople, on touche à Livourne, Civita-Vecchia, Naples, Messine, Malte, Syra, Smyrne. On sait que pour les bâtimens à voile, dont la navigation est fort difficile sur la Méditerranée, la traversée de Marseille à Constantinople prend 45 jours. Par les paquebots, le trajet est, pour la première ligne, qui a 591 lieues, de 13 jours 1/2 seulement ; pour la seconde ligne (173 lieues), il est de 4 jours 2 heures, y compris pour ces trajets les temps de station, ce qui répond à une vitesse de déplacement d’environ 3 lieues à l’heure.

Quant à la navigation intérieure, la marche des bateaux à vapeur est géné-