Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 15.djvu/680

Cette page a été validée par deux contributeurs.
676
REVUE DES DEUX MONDES.

— Pour l’amour de Dieu ! s’écrie-t-il, ouvrez à celui qui vient chercher asile dans la maison de Dieu !

— Confesses-tu que tu as grièvement péché ?

— Je le confesse.

— Te repens-tu ?

— Je me repens.

— Fais-tu serment de donner satisfaction au roi suivant la loi du pays ?

— J’en fais le serment.

Dans ce moment on entend le galop des cavaliers ; le garde de l’asile entr’ouvre la porte.

— Si tu as dérobé le bien d’autrui, tu vas jurer, avant d’entrer dans l’asile consacré, de ne plus commettre de vol.

— Jamais je n’ai dérobé le bien d’autrui et je jure de ne jamais commettre de vol.

— Si tu t’es rendu coupable de meurtre, tu vas jurer, avant d’entrer, de ne plus tuer.

Le fugitif reste muet, et cependant le bruit d’armes et de chevaux se rapproche.

— Jures-tu de ne plus commettre de meurtre.

— Je le jurerais si l’un des deux assassins de mon père n’était encore en vie. Je viens de tuer l’un, je tuerai l’autre.

Et le Mac-Lean s’enfuit, aimant mieux courir le risque d’être massacré par ceux qui le poursuivent que de renoncer à sa vengeance.

Si l’on avait forcé l’asile sans s’être préalablement soumis aux règles d’admission établies, et si sur la sommation du gardien on refusait d’en sortir, on était banni à perpétuité comme assassin, et les biens du réfugié étaient confisqués.

Les divers édifices d’Iona sont, comme on vient de le voir, dans un état complet de dégradation. Pendant les deux derniers siècles on les avait en quelque sorte oubliés ; rarement quelques curieux visitaient ces ruines dont la destruction s’avançait rapidement, car la main de l’homme aidait au travail des années ; les habitans d’Iona se servaient, en effet, de la cathédrale et des chapelles comme d’étables pour leurs bestiaux. Avaient-ils besoin d’une poutre ou d’une pierre pour construire leur chaumière, ils venaient les arracher aux toits ou aux murailles des vieux édifices. Au bout d’un petit nombre d’années, il ne fût rien resté de ces curieux monumens ; mais le dernier duc d’Argyle, mieux inspiré que ses prédécesseurs, a mis un terme à ces dégradations ; il a fait vider les chapelles, nettoyer en partie le pavé des immondices qui le recouvraient ; enfin il a fait élever, autour de l’ensemble des ruines, un mur et des barrières qui n’empêchent pas les curieux de les visiter, mais que du moins les bestiaux ne peuvent franchir.

En avant de ce mur, du côté du sud-ouest, on aperçoit une double muraille qui se prolongeait autrefois parallèlement du côté de la mer. Cette construction s’appelle aujourd’hui Dorus trayh, la porte du rivage. Des anti-