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VOYAGE AU CAMP D’ABD-EL-KADER.

dise à un musulman de retourner parmi les chrétiens ? Cela est impossible. »

On pense bien qu’à la manière dont Abd-el-Kader avait accueilli cette demande, il ne fut plus question d’Omar. Ce jeune homme est maintenant auprès de l’émir, qui l’emploie comme secrétaire interprète, et qui s’instruit avec lui des affaires de l’Europe. C’est probablement d’après ses conseils qu’il vient de s’abonner à plusieurs journaux, et qu’il a fait venir de France la charte constitutionnelle, non pas sans doute pour en faire jouir les Arabes, mais afin de bien connaître notre organisation politique, et de puiser dans cette connaissance de nouvelles armes pour son arsenal diplomatique.

Après cette audience, l’émir fit amener le cheval qu’il destinait à M. Garavini, et les mules qu’il nous accordait, à nous autres profanum vulgus.

Nous partîmes le lendemain de cette dernière audience, et nous allâmes coucher, dans la soirée du même jour, chez les Beni-Mâned. Nous avions rencontré, sur la route, le cheik des Beni-Haroune et celui des Isser, qui allaient faire leur soumission. Des mules chargées d’argent les accompagnaient.

Les Kabaïles dits Beni-Mâned ne montrèrent pas plus d’égards pour le nom de l’émir que n’avaient fait leurs compatriotes. Ils refusèrent de donner une gourbie à M. Garavini, qui était malade, et il fallut nous entasser dans un mauvais hangar à claire-voie, dont le toit de chaume était aux deux tiers mangé par les bestiaux.

Jusqu’à la fin de notre voyage, il ne nous arriva rien de remarquable, et le 5 janvier 1838, nous étions tous rentrés à Alger.