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commencement du XVIIe siècle, de l’Astrée de D’Urfé, des bergeries de Racan et de Segrais, et d’une multitude de productions pareilles, est une pastorale toute amoureuse où la vérité est quelquefois dans les sentimens, jamais dans les mœurs. On n’y voit que des dieux champêtres, des nymphes des bois, des bergers dits héroïques, bergers de fantaisie qui portent la houlette par contenance, et s’occupent plus de leurs amours que de leurs troupeaux, et enfin, pour rappeler les champs, quelque satyre pétulant et facétieux, quelque paysan grossier et bouffon. Cette pastorale qui a régné si long-temps chez nous dans la prose, dans les vers, au théâtre, dans la musique, dans toutes les productions de l’art, et qui ne s’est terminée qu’aux compositions plus vraies de l’Allemand Gessner, de l’Écossais Burns et aux admirables idylles d’André Chénier, ne ressemble guère à l’églogue de Virgile, dont elle est cependant une descendance éloignée.

Il serait intéressant de marquer cette filiation ; mais il faudrait nous écarter de nos études habituelles et des muses latines. Ne quittons pas les forêts de Virgile, et revenons à ces campagnes qui en sont voisines, dit-il, aux bucoliques et aux géorgiques,

Et egressus sylvis vicina coegi
Ut quamvis avido parerent arva colono,
Gratum opus agricolis


Patin.