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LA SICILE.

royale. Un traité d’alliance fut conclu entre la Grande-Bretagne et la Sicile ; et enfin, la Sicile se trouva au rang des nations, et des nations libres, elle se vit élevée à un degré inespéré d’éclat, et même de prospérité, car l’Angleterre versait des sommes considérables en Sicile pour l’entretien de ses troupes, et y envoyait jusqu’à des fourrages pour les chevaux de sa cavalerie.

Il serait long de rapporter l’histoire de ces deux années de parlement, des querelles des chronicistes et des anti-chronicistes, ministériels et anti-ministériels, des débats du ministère et du roi, du ministère et de la chambre, grandes tempêtes dans un verre d’eau, révolutions politiques dans un étroit espace, qui se terminèrent par le départ du roi pour Naples, après l’expulsion du roi Murat, et le fameux édit du 8 décembre, affiché un matin sur les murs de Palerme et aux portes du palais du parlement. Cet édit déclarait simplement que le congrès de Vienne, ayant reconnu le roi Ferdinand comme roi du royaume des Deux-Siciles, le royaume de Naples et celui de Sicile n’en faisaient plus qu’un sous la dénomination d’états, en-deçà et au-delà Phare. Par l’article 1er, les places et offices civils et ecclésiastiques au-delà du Phare, c’est-à-dire en Sicile, devaient être exclusivement conférés à des Siciliens. Par l’article 11, les Siciliens étaient admis, pour un quart, dans le conseil d’état et aux places de ministres et de secrétaires d’état. Les emplois dans l’armée de terre et de mer étaient indistinctement accordés à tous les sujets. Les procès des Siciliens devaient être jugés jusqu’en dernier appel en Sicile. Enfin la Sicile ne devait payer pour les charges de l’état rien au-delà de 1,847,687 onces, somme fixée par le parlement de 1813. Elle ne pouvait être imposée au-delà de cette somme sans le consentement du parlement, c’est-à-dire qu’en se contentant de ce subside, on pouvait se passer de parlement, ce qui était, en termes un peu voilés, la suppression du régime représentatif en Sicile. Aujourd’hui, la Sicile est devenue simplement une province du royaume de Naples. Je dirai postérieurement, et avec une franchise qui s’exercera avec une égale liberté sur Naples et la Sicile, par quelle suite de fatalités le gouvernement napolitain s’est vu entraîné, en quelque sorte malgré lui, à retirer à la Sicile même le peu que lui avait laissé l’édit du roi Ferdinand.


(La seconde partie à un prochain numéro.)