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teront les versemens partiels faits pendant la durée des travaux, jusqu’à concurrence des sommes qui ne recevront pas un emploi immédiat. Il est d’usage que les actionnaires versent, dans le cours de la première année, les deux cinquièmes ou la moitié du capital social. Sur cette somme, on prélève d’abord le cautionnement exigé par l’état et dont le trésor sert l’intérêt à raison de 4 pour cent. Le reste est déposé en compte courant chez un banquier. On peut encore, comme cela s’est pratiqué dans l’affaire de Saint-Germain, prêter une partie des capitaux disponibles, à échéance fixe et sur dépôt de fonds publics. En supposant qu’un cinquième au moins du capital social porte intérêt jusqu’à la cinquième et dernière année des travaux, on trouve que ce revenu accessoire pourrait former un amortissement de 1 pour 100 environ.

Un amortissement de 1 pour 100, accru par l’accumulation des intérêts, a suffi en France pour imprimer un mouvement rapide d’ascension au crédit public. La même force d’action paraîtra sans doute surabondante pour prévenir ou pour arrêter la dépréciation dans les valeurs industrielles, qui ne donnent lieu qu’à des marchés au comptant. Cependant, et pour plus de sécurité, nous proposons d’organiser, dans toute compagnie de chemin de fer, un syndicat composé des plus forts actionnaires, avec la mission patente d’agir, pendant la durée des travaux, sur le cours des actions. Les travaux achevés, le prix des actions sera naturellement et invinciblement déterminé par la mesure des produits.

Tout comme les administrateurs auraient la gestion du fonds d’amortissement, le syndicat, à peine institué, formerait un fonds de spéculation. Il exigerait, des cent ou des deux cents plus forts actionnaires, selon l’étendue de l’entreprise, le versement spécial et par avance du dernier dixième du capital représenté par les actions dont ils seraient porteurs. À l’aide de ces fonds, l’on achèterait les actions qui se présenteraient sur la place, lorsqu’elles tomberaient au-dessous du pair, pour les revendre ensuite quand elles s’élèveraient au-dessus. Le bénéfice de l’opération serait acquis aux actionnaires directement intéressés, et jusqu’à due concurrence de l’intérêt de leurs avances ; l’excédant viendrait accroître la puissance du fonds d’amortissement.

Parmi les associations qui se sont formées pour entreprendre des chemins de fer, la compagnie soumissionnaire de la ligne de Paris à la mer, par la vallée de la Seine, est la seule qui ait fait connaître