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sauvages des tribus qui entourent ce point capital, où nous avons un établissement à former pour mettre Constantine à une journée de la mer ? Nous recommandons cette idée au gouvernement, qui probablement n’en est pas à la concevoir. Du reste, de quelque manière qu’on l’essaie, il est urgent de s’occuper de la race kabaïle. Nous le répétons, c’est peut-être des trois races de la Régence celle qui, une fois apprivoisée, s’accommodera le mieux de notre domination et s’y attachera le plus facilement.

Nous avons fini. Toute notre pensée et une partie de ce que nos études et nos réflexions nous ont appris sur la question d’Afrique, nous l’avons résumé sommairement dans cet article. C’est notre tribut dans la grande discussion qui va s’ouvrir ; nous avons voulu le payer ainsi et à l’avance, ne sachant pas si nous le pourrions autrement, et quand le débat sera ouvert. Nous désirons que ce travail rapide ne soit pas inutile, et qu’il contribue à éclairer les esprits et à rapprocher les opinions. L’Afrique est en ce moment la plus grande affaire de la France. La question préoccupe depuis huit ans le pays, le gouvernement et les chambres. On peut dire qu’elle est mûre, et que le moment est venu de dissiper toutes les incertitudes et de la résoudre. C’est ce que la discussion, c’est ce que le vote de la chambre sont appelés à faire implicitement. Notre politique est en bonnes mains en Afrique ; le cabinet, de son côté, s’est sérieusement occupé de cette grande affaire ; c’est une justice que nous nous plaisons à lui rendre. Nous croyons que dans cette situation des choses beaucoup de confiance doit être accordée, beaucoup de liberté laissée au gouvernement. Il est une réserve qu’en certaines occasions le pouvoir parlementaire doit savoir se prescrire, dans l’intérêt du pays comme dans celui de sa propre dignité.


Th. Jouffroy,
Député du Doubs.