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Il y a encore une caisse spéciale pour la bibliothèque, à laquelle tous les ecclésiastiques et les fonctionnaires des écoles paient un tribut. L’évêque lui donne deux tonnes de seigle, le chanoine une tonne, le prêtre une demi-tonne. Les prédicateurs de régiment, de prison, les recteurs, lui paient de même une contribution en nature, selon leur traitement. Quand un fonctionnaire ecclésiastique meurt, la bibliothèque perçoit sur son héritage un huitième de tonne de seigle ; elle reçoit un trente-deuxième de tonne des élèves qui entrent à l’école.

Le produit des dîmes du roi, celui de quelques prébendes, les contributions spéciales du chef-lieu du diocèse, le droit d’inscription des élèves, quand ils entrent à l’école et quand ils passent d’une classe à l’autre, lequel droit ne s’élève pas à plus d’un seizième de tonne de seigle, voilà tout ce qui compose les revenus de l’école, revenus variables, précaires, et malheureusement incomplets.

Dans plusieurs districts, le traitement des maîtres est si minime, que, pour pouvoir subsister, ils sont obligés d’employer leurs vacances à donner des leçons. Ce traitement augmente, il est vrai, avec les années de service ; mais le plus ancien professeur d’un gymnase ne reçoit pas plus de 1,000 riksdalers banco (2,000 fr.).

Comme compensation à cette exiguité de rétribution, les maîtres ont ordinairement le logement gratuit ; ils sont exempts d’impôts, et, quand ils font valoir leurs droits pour obtenir un pastorat, leurs années de service comptent double. Pour faire comprendre l’étendue de ce privilége, je dois donner à cet égard quelques mots d’explication. Les pastorats de la Suède sont divisés en trois catégories : il y a les pastorats royaux, c’est-à-dire ceux dont le roi dispose lui-même ; les pastorats seigneuriaux, qui appartiennent à certaines terres, et les pastorats consistoriaux, pour lesquels le consistoire présente trois candidats à l’élection de la communauté. Parmi ces pastorats, il y en a qui sont accordés au choix, d’autres à l’ancienneté. Le professeur qui brigue une prébende a donc un avantage marqué sur les vicaires de paroisse. S’il se distingue comme professeur, il obtient immanquablement un pastorat au choix ; s’il est forcé d’avoir recours à l’ancienneté, il l’emporte, au bout de dix années de service effectif, sur celui qui a vicarié dix-neuf ans.

Les écoles de campagne sont placées sous la surveillance immédiate des pasteurs ; celles des villes, sous la surveillance du chapitre métropolitain et de l’évêque.

L’évêque a le titre d’éphore ; il doit visiter les écoles chaque année, assister aux examens, et présider à toutes les cérémonies d’installation. C’est lui qui prescrit, dans son diocèse, les livres d’éducation ; c’est à lui que le recteur et les maîtres soumettent, au commencement de l’année, leur plan d’enseignement ; c’est à lui que tous les comptes de recette et de dépense doivent être adressés, et c’est de lui qu’émanent les diplômes de capacité et les nominations de professeurs.