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Le traité patent se bornait à stipuler l’alliance des deux empires, applicable seulement à une guerre contre la Russie.

Le véritable traité existe dans la convention secrète dont voici les principales dispositions.

L’Autriche s’engageait (article ii) à fournir à la France un corps de 24,000 hommes d’infanterie, de 6,000 hommes de cavalerie et de 60 pièces de canon.

Article IV. Ce corps sera commandé par un général nommé par l’empereur d’Autriche, mais aux ordres directs de l’empereur des Français ; il ne pourra être ni divisé ni amalgamé avec les autres corps de l’armée française.

Article VII (textuel). Le rétablissement du royaume de Pologne sera proclamé sous la garantie des deux hautes parties contractantes ; néanmoins la possession de la Gallicie occidentale est spécialement garantie à S. M. l’empereur d’Autriche.

Article VIII (textuel). Si, cependant, il était à la convenance des deux hautes parties contractantes qu’une portion de ladite province fût réunie au royaume de Pologne, soit pour l’établissement des frontières dudit royaume, soit pour tout autre motif quelconque, S. M. l’empereur des Français s’engage dès à présent à céder les provinces Illyriennes en échange de ladite portion de la Gallicie, dont la valeur comparative serait établie sur la base combinée de la population, de l’étendue et du revenu.

L’Autriche avait demandé la cession immédiate des îles Illyriennes sans condition, comme le prix de l’alliance et comme moyen de la nationaliser dans l’esprit de ses peuples. La France repoussa cette prétention, mais consentit à l’article IX, qui établissait que, dans le cas d’une heureuse issue de la guerre contre la Russie, et lors même qu’il n’y aurait pas lieu à un échange contre une partie de la Gallicie, les provinces Illyriennes seraient cédées à l’empereur d’Autriche.

Par l’article XI, les deux puissances garantissaient l’intégrité de l’empire ottoman, dans le cas où la Porte, rompant les négociations de Bucharest, continuerait la guerre contre la Russie.

L’empereur d’Autriche s’engageait formellement, par l’article XII, à n’écouter aucune proposition de paix, trêve ou autre arrangement quelconque, sans en prévenir S. M. l’empereur des Français ; de son côté, l’empereur des Français prenait le même engagement vis-à-vis de son allié.

L’alliance de l’Autriche contre la Russie était au fond bien plutôt encore politique que militaire : il ne pouvait en être ainsi de celle de la Prusse. Sa position géographique la condamnait à nous servir, pendant toute la durée de la guerre, de route militaire. Il fallait que nous pussions disposer de toutes les ressources de son territoire comme s’il nous eût appartenu. Ce point admis, il restait à l’empereur à décider quel était le meilleur système pour arriver au but, de l’alliance ou de la possession violente. Ce dernier parti offrait un avantage incontestable, celui de nous garantir contre les funestes consé-