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aussi, dans quelques cas, un avantage appréciable sur ces voies rapides de communication.

Mais l’exemple de l’Angleterre, à l’égard des chemins de fer, ne peut être ni donné ni accepté comme arrêt en dernier ressort. Évidemment les chemins de fer anglais ont été, à l’instar de l’Angleterre, aristocratiquement gouvernés, en ce sens qu’on a peu cherché jusqu’à présent à y attirer la multitude. Le prix des places y a été tenu trop élevé. Disons néanmoins que les dépenses énormes auxquelles leur construction a donné lieu, motivent ou au moins expliquent l’esprit dans lequel ils ont été administrés.

Sur les chemins de fer belges, les voyages se font à des prix extrêmement modiques. Le tarif distingue quatre espèces de voitures avec les prix suivans, entre Bruxelles et Anvers, c’est-à-dire pour un trajet de 11 lieues

Berlines. fr. 50 ou 32 centimes par lieue
Diligences. fr. ou 27 
Chars-à-bancs. fr. ou 18 
Wagons. fr. 20 ou 11 

Les wagons sont découverts ; cependant c’est par eux principalement que les voyageurs se transportent, car il résulte d’un rapport de M. Notomb, ministre des travaux publics de Belgique, en date du 1er mars 1837, que le prix moyen des places réellement occupées et payées n’est que de 12 cent. un cinquième par lieue de 4,000 mètres.

Mais le prix des places en Belgique doit être considéré comme un minimum, soit parce que les chemins de fer belges ont coûté fort peu, soit parce que le gouvernement belge, qui les exploite lui-même, ne cherche pas à en retirer des bénéfices directs. Son principal objet a été de mettre les chemins de fer à la portée de toutes les classes et de travailler par là à répandre l’aisance. Il a pensé que c’était le plus sûr moyen de faire affluer, par toutes les voies, les recettes au trésor. Au surplus l’administration belge n’eût pas été libre de fixer des prix plus élevés ; il lui a fallu s’incliner devant les décrets de l’opinion publique promulgués et soutenus par la presse.

Le revenu net des chemins de fer belges n’a été, l’an dernier, que de 5 pour 100 du capital consacré à leur construction, quoique ce capital soit fort modique, je le répète, que le pays soit fort peuplé et que le nombre des voyageurs y ait augmenté dans le rapport de un à huit[1], depuis l’ouverture des chemins de fer. Pour le pro-

  1. Au lieu de 75,000 voyageurs qui se rendaient par les voitures publiques, le chemin de fer en eut, dans les huit premiers mois, 540,000.