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DES CHEMINS DE FER
COMPARÉS AUX LIGNES NAVIGABLES.

L’invention des chemins de fer est un des plus grands bienfaits dont la science et l’industrie, associant leurs efforts, aient doté l’espèce humaine. Les chemins de fer semblent véritablement appelés à changer la face du globe. De hardis et généreux penseurs ont dit que le monde marchait à grands pas aujourd’hui vers l’association universelle ; peut-être ce merveilleux ordre de choses que leur faisait rêver leur noble amour pour le genre humain n’est-il, au gré de beaucoup d’hommes positifs, rien de plus qu’une chimère ; mais personne ne contestera que le sentiment d’unité qui anime aujourd’hui tant de peuples, et le besoin d’expansion qui dévore quelques nations récemment apparues sur la scène, dans l’ancien monde et dans le nouveau, ne tendent à changer la balance politique. Une force invincible secoue, ébranle et mine les barrières entre lesquelles, aujourd’hui, les hommes sont parqués en petits états, et par conséquent prépare la place pour de vastes empires. Je ne dis pas que nous soyons à la veille de voir tous les trônes s’abaisser et tous les sceptres se courber sous la monarchie universelle qu’ont espérée quelques grands conquérans. J’incline du côté de ceux qui doutent que le genre humain puisse jamais tout entier reconnaître une seule loi, un seul roi, et même un seul dieu ; mais il est, ce me semble, permis de soutenir que nous ne tarderons pas à voir s’organiser, par voie de fédération, par voie de conquête, ou sous je ne sais quels autres auspices, d’immenses états qui engloberont par douzaines les royaumes,