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ORIGINES DU THÉÂTRE.

estimés[1]. Sosibius, qui vivait sous Ptolémée Philadelphe, nous a fait connaître les sujets ordinaires des anciennes farces doriques : « C’était, dit-il, un homme qui volait des fruits, ou un médecin étranger qui parlait un jargon ridicule[2]. » Cette indication nous fait voir depuis combien de siècles les médecins ont le privilége d’exercer la verve des poètes comiques.

MIMES ÉCRITS. — DIVERSES ESPÈCES DE MIMES.

Outre les mimes improvisés, il y eut en Grèce des mimes écrits, et de bien des sortes. Le plus ordinairement ces petites pièces étaient en vers, et chantées avec un accompagnement de flûtes, ce qui fit créer le mot mimaules. Comme l’iambe est de tous les vers le plus propre à la conversation, ces poèmes furent très souvent composés dans ce mètre, et nommés iambes ou mimiambes, ainsi que leurs auteurs. Mais la dénomination la plus générale, et qui prévalut, fut celle de mimes, pour les pièces et pour les acteurs, et celle de mimographes, pour les auteurs.

Indépendamment de ce nom générique, commun à tous les comédiens populaires, la plupart reçurent, selon les lieux et les temps, d’autres dénominations fondées, soit sur la forme et la nature des pièces qu’ils représentaient, soit sur le costume qu’ils adoptaient, et qui, pour quelques-uns, était fixe et invariable, comme l’est aujourd’hui celui des personnages de la comédie italienne.

Si l’on classe les mimes grecs d’après la nature des pièces qu’ils jouaient, on trouve les éthologues, les biologues, les cinédologues, les phlyaques, les acteurs d’hilarotragédies, de comédo-tragédies, etc.

Les éthologues, qui furent célèbres surtout à Alexandrie et dans la Grande Grèce, se vouaient, comme leur nom l’indique, à la peinture des mœurs, mais des mœurs les plus basses et les plus corrompues[3]. Les biologues avaient aussi la prétention de peindre la vie humaine[4]. Quelques critiques ont pensé qu’ils avaient reconquis les libertés de la comédie ancienne, et qu’ils traçaient surtout des portraits individuels. Les cinédologues, appelés aussi simodes et lysiodes, à cause de Simus de Magnésie et de Lysis, fondateurs de ce genre de pièces, se complaisaient, comme les phlyaques, dans des plaisanteries et des gestes de la plus révoltante obscénité. Dans la 96e olympiade, Alcée de Mitylène composa un drame d’un genre nouveau, une comédo-tragédie. Il fut suivi dans cette voie par Anaxandride de Rhodes, Colophonius et quelques autres. Plus tard, Rhinthon de Syracuse, établi à Ta-

  1. Athen., lib. xiv, pag. 621, D, E. — Agésilas fit l’application injurieuse du nom de dicéliste à un tragédien qu’il voulait mortifier. Voy. Plutarch., Agesil., cap. XXI, et Apophth. Lacon., pag. 212, F.
  2. Athen., ibid.
  3. Ces mimes passèrent de la Grande Grèce à Rome. Cicéron blâme sévèrement leur licence. Voyez De orat., lib. ii, cap. LIX et LX.
  4. Jacobs, in Analecten von Wolf, tom. I, pag. 105, seq. — Coray, Plutarch., tom. IV, pag. 351. — Il existe à l’Escurial, dans un manuscrit de Choricius sophista, de Gaza, un discours, περὶ τών μίμων ; titre qui est développé comme il suit in interiore libri : ὁ λόγος περὶ τῶ ἐν Διονύσου τὸν βίον εἰκονιζόντων, id est : Oratio de iis qui in Bacchi (theatro) mores assimilant, Yriarte, tom. I, pag. 404.