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l’abri en invoquant une décision de la chambre, accepterait la responsabilité et les suites d’une loi d’un milliard, s’il n’avait calculé sérieusement les ressources du pays ! On a beau être de l’opposition ou du parti ministériel, il y a toujours un intérêt commun entre citoyens d’un même état. Qui peut se croire exempt des suites de ces lois, si elles étaient funestes ? Quelle fortune n’en serait pas atteinte ? C’est là une raison de les discuter sérieusement et longuement ; mais c’est aussi un motif de croire à la solidité réelle et aux pensées consciencieuses de ceux qui les ont présentées. En tout cas, il faut choisir dans les accusations. Si ce ministère est réellement mesquin et étroit, ne semblez pas effrayé de ses projets de loi ; en les repoussant, vous donneriez au ministère un brevet d’audace, et vous ne seriez pas conséquens !


À M. LERMINIER.
Monsieur,

Nous vous remercions d’avoir bien voulu nous répondre et tenons votre lettre pour une preuve d’estime. C’est aussi pour une preuve d’estime que vous avez dû tenir la nôtre. Nous nous réjouissons de voir, dans vos dernières explications, que vous êtes, en plusieurs points, plus rapproché de nos opinions que nous ne l’avions cru d’abord. Quant à ceux qui restent encore en litige entre nous, nous croyons devoir nous abstenir de tout nouveau commentaire, et laisser juger la question à nos lecteurs. Comme, selon nous, votre second travail est la reprise et le développement du premier, nous ne pourrions y répondre qu’en répétant les argumens de notre première lettre. Nous nous contentons donc de persister dans nos conclusions, en vous laissant persister dans les vôtres.

Quant aux conseils que vous voulez bien nous donner, nous les recevons avec beaucoup de reconnaissance ; mais nous craindrions, en vous priant de nous admettre au nombre de vos disciples, d’être un peu gêné dans nos sympathies. Nous disons sympathies, n’osant pas dire principes, car vous nous prouvez victorieusement qu’à moins d’avoir les vastes connaissances que vous déployez dans votre réponse, et dont vous produisez les titres en rappelant tous vos précédens écrits, on ne peut prétendre à exprimer des convictions de quelque valeur. Ici, des raisons de haute considération pour tout ce que vous avez professé et publié, nous ferment la bouche, et nous fuirons une discussion qui n’aurait pour but que la défense de nos œuvres littéraires et de nos principes. Cette discussion n’intéresserait guère le public, et vous donnerait trop d’avantage sur nous.

Agréez, monsieur, l’assurance de notre haute considération.


George Sand.


— Un nouveau roman de M. de Latouche, Aymar, a paru, il y a peu de jours, chez le libraire Dumont, et est déjà arrivé à sa seconde édition. Nous reviendrons sur le nouveau livre de M. Latouche et ses précédens ouvrages.


F. Buloz.