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LES ÎLES SHETLAND.

Ces lieux désolés et ce château abandonné depuis bien des années furent cependant le théâtre de joyeuses scènes et de bruyantes et folles orgies. À en croire les chroniqueurs morts et les chroniqueurs vivans, qui ne manquent pas dans ces îles, Pate Stuart était dans son temps aussi joyeux compagnon que méchant homme. Il aimait les femmes et les jolies filles ; il aimait par-dessus tout le plaisir que le danger assaisonne, il aimait les audacieuses folies ; Pate Stuart, c’est le don Juan des îles Shetland.

Patrick Stuart était cousin du roi Jacques VI ; il descendait d’un fils naturel de Jacques V. Il rêva la souveraineté des îles Orcades et Shetland ; et ne pouvant l’obtenir de droit, il voulut du moins en jouir de fait. Comme nous l’avons dit, il avait fait bâtir en 1601 sa forteresse de Scalloway ; il avait choisi les Shetland pour y établir le siége de son pouvoir, parce que ces îles étaient moins accessibles encore que les Orcades à l’action du gouvernement d’Écosse, dont il se prétendait indépendant. Une fois établi dans son château de Scalloway, il se pose en véritable autocrate des îles du nord, qu’il gouverne tyranniquement. Son histoire ressemble à celle de ces petits princes italiens du XVe siècle. Ce sont les mêmes caprices de despote, la même dissolution et la même férocité, la même activité et les mêmes ressources dans les momens difficiles, les mêmes péripéties étranges dans tout le cours de sa vie criminelle, et la même fin dramatique. Cette fin nous est racontée de diverses manières par la tradition. Les incidens qui l’accompagnent et qui assurèrent la punition du tyran des Shetland, offrent un intérêt tout romanesque. Voici la version la plus singulière et la plus répandue dans l’île :

Patrick, comte des Orcades, vivait en débauché et ne croyait guère en Dieu. Quand il pouvait jouer un mauvais tour à un prêtre ou séduire une jeune fille, il le faisait avec une satisfaction sans égale, et comme il était plein d’audace, tous les moyens qui pouvaient le conduire à ses fins lui semblaient bons, les moyens les plus iniques comme les moyens les plus dangereux. Patrick régnait depuis dix ans environ sur les Shetland, et, malgré les plaintes des habitans de ces îles, le gouvernement d’Écosse avait toléré cette sorte d’usurpa-

    quel pouvait être l’objet qui brillait ainsi, et on n’a jamais pu le découvrir. Le peuple prétend que cette lueur est causée par une escarboucle enchantée, incrustée dans le roc. Le docteur Wallace, dans sa description des Orcades, attribue cette lueur extraordinaire à la réverbération des rayons du soleil, dont le disque à cette latitude, et dans cette saison de l’année, se montre à minuit au niveau de l’horizon que l’œil embrasse du sommet de la montagne de Wart. Le docteur Wallace suppose que ces rayons frappent sur des rochers mouillés par le suintement des eaux d’une source.