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présenteront un ensemble susceptible d’analyse et d’examen. Le cours de M. Patin sur la poésie latine, devant présenter de grandes divisions qu’il importe de suivre, nous attendrons aussi, pour en reproduire les plus gracieuses parties, qu’une notable portion du programme soit remplie. Il en sera de même des leçons de M. Fauriel sur la littérature espagnole et du cours de M. Ampère. L’ingénieuse excursion que M. Geruzez fait cette année dans une époque qui nous est assez familière, la littérature du règne de Louis XIII, nous sera une occasion de parler quelquefois d’hommes assez peu connus, et dont l’étude pourtant ne manque pas d’intérêt. La publication des leçons de M. Geruzez sur l’éloquence religieuse et politique du xvie siècle, ne peut manquer non plus de donner lieu, dans ces comptes rendus de l’enseignement, à un examen détaillé où l’approbation trouvera sa place à côté de la critique. Enfin, si nous ne nous arrêtons guère devant les vieilles déclamations de M. Lacretelle, devant les communes et pâles improvisations de M. Tissot, si nous ne parlons pas de l’histoire du xviiie siècle faite dans une chaire d’histoire ancienne, et de l’archéologie phénicienne enseignée dans une chaire d’histoire moderne, il nous restera pourtant encore assez d’opinions à réfuter, assez de nobles paroles à reproduire.


— Depuis dix ans, on peut le dire, toute une révolution s’est accomplie dans la manière de construire les pianos. À mesure que les grands artistes trouvaient dans l’exécution des ressources nouvelles, l’instrument se développait comme sous leurs doigts. À la tête des hommes qui sont parvenus, à force de persévérance et de travail ingénieux, à élargir ce champ donné au génie des maîtres, il faut citer M. Pape. M. Pape a long-temps fabriqué ses pianos en employant le mécanisme ordinaire. Les succès qu’il a obtenus pouvaient suffire à sa fortune, mais l’art demandait plus. Les marteaux qui touchaient la corde en dessous et la poussaient hors du sillet la frappent maintenant par-dessus et l’attaquent avec bien plus de force et de soudaineté, cette manière de procéder n’exigeant pas autant de complication dans le système de l’échappement. La corde, qui formait un angle au point du sillet, afin de résister aux efforts du marteau, qui tendaient à l’en détacher, est droite et vibre dans toute sa longueur. M. Pape avait déjà donné ce mécanisme aux pianos à queue, mais le piano carré devait en tirer de bien plus grands avantages, puisque l’on peut livrer à la table d’harmonie toute l’étendue de l’instrument. On sait que cette table est échancrée en triangle et perd un quart de sa largeur quand il faut donner passage aux marteaux placés sous la corde. Dans les nouveaux pianos carrés de ce facteur, la table d’harmonie occupe tout le plafond du piano. Le mécanisme qui règne au-dessus, indépendant, frappe, les cordes avec plus de vigueur, les affermit sur le sillet, et la table vibre dans tous les sens. Ces deux raisons contribuent également à augmenter les moyens sonores dont les résultats sont admirables. La corde attaquée par en haut éprouve une impression plus régulière et tient plus long-temps l’accord. Le tirage, ne portant plus à faux,