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REVUE. — CHRONIQUE.

question d’Espagne. Ces raisons font honneur à leur sagacité, et montrent l’esprit de conduite de ceux qui y ont obéi ; mais il y a loin d’une rencontre fortuite d’intérêts à une alliance, M. de Montalivet, qui a montré un si beau talent dans les discussions de l’adresse à la chambre des députés et à la chambre des pairs, a parfaitement défini la situation actuelle en disant : « C’est une ère de maintien et de consolidation des droits politiques. » Or, je le demande, est-ce là le système qui a présidé aux derniers actes politiques de M. Guizot et de ses amis quand ils étaient au pouvoir, aux écrits qui se publiaient sous leur patronage, entre autres à la rédaction du Journal de Paris ? Non, sans doute. Or, sur quelle base se ferait l’alliance annoncée ? Nous estimons trop M. Molé et M. Guizot pour supposer qu’ils puissent se joindre ailleurs que sur le terrain des principes ; et encore une fois, il y a à peine un an que les principes les ont séparés.

Nous parlera-t-on des avances publiques de M. le comte Jaubert ? Mais ne sait-on pas que M. Jaubert, qui unit l’humeur et les caprices d’une jolie femme à la malice d’un homme d’esprit, jouit, dans son parti, d’une indépendance qui l’en sépare presque sans cesse ? À la fin de la session, ne faisait-il pas seul, de tous les siens, la guerre au ministère ? Serait-il donc bien étonnant qu’il fît seul la paix aujourd’hui ? sans compter qu’il pourrait bien trouver quelque secret plaisir à afficher le ministère et à le compromettre par ses embrassemens.


— La mort de M. Le comte Reinhart laisse deux places vacantes à l’Institut, l’une à l’Académie des sciences morales, qui paraît destinée à M. Michelet ; l’autre à l’Académie des inscriptions, qui fournira sans doute à ce corps l’occasion de réparer une grave injustice. On n’a pas oublié comment l’intrigue a égaré, à la dernière vacance, le choix de l’Académie des inscriptions. La place de M. Raynouard appartenait naturellement à son successeur au secrétariat de l’Académie française ; mais une majorité assez faible montra comment une coterie politique peut l’emporter sur une réputation européenne et sur des titres aussi variés qu’ils sont solides. Nous reviendrons sur cette élection, quand les candidats au fauteuil laissé par M. Reinhart seront définitivement connus.


M. Théodore Jouffroy a ouvert, il y a quelques semaines, son cours de psychologie à la Faculté des lettres, avec une clarté d’exposition, une rigueur d’analyse et un ton de supériorité digne et calme, qui font regretter que la santé du professeur interrompe aussi souvent ses leçons. Après avoir exposé l’état actuel d’une science qui a déjà trouvé, en France, deux interprètes bien divers, dans MM. Laromiguière et Royer-Collard, dont l’un finissait noblement l’école du xviiie siècle, et dont l’autre posait hardiment les bases de la théorie nouvelle, M. Jouffroy a indiqué, à l’aide de ce procédé fin et délié qui le distingue, les différences et les rapports de la physiologie et de la psychologie, ainsi que le parallélisme et les variations de la méthode de ces deux sciences. Nous reviendrons sur les leçons de M. Jouffroy, quand elles