Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 13.djvu/214

Cette page a été validée par deux contributeurs.
210
REVUE DES DEUX MONDES.

Dania, quid merui, quo te, mea patria, læsi ?
Usque adeo ut rebus sit minus æqua meis.

Et ceux-ci où respire une noble fierté :

Scilicet illud erat, tibi quo nocuisse reprendar,
Quo majus per me nomen in orbe geras.
Dic, age, quis pro te tot tantaque fecerat ante,
Ut veheret famam cuncta per astra tuam ?

Il mourut, comme on sait, en 1601, à Prague, à la cour de l’empereur Rodolphe II, qui lui fit faire des funérailles dignes d’un roi, il avait pris pour disciple Jean Keppler.

Le peuple de Danemark a conservé dans ses traditions le souvenir de Tycho-Brahé. On raconte qu’il était très superstitieux. Il croyait qu’il y avait dans l’année trente-deux jours néfastes pendant lesquels il ne fallait rien entreprendre, si l’on ne voulait pas s’exposer à quelque catastrophe. On les appelle encore à Copenhague les jours de Tycho-Brahé. Un de ces jours-là, il s’était marié, lui, descendant d’une vieille et noble famille, avec la fille d’un paysan, et il avait été malheureux. Un de ces jours-là, il avait rencontré Parsbierg dans une noce à Wittemberg, et Parsbierg, d’un coup de sabre, lui trancha le bout du nez.

La maison de Tycho-Brahé est tombée en ruines ; sa forteresse d’Uranie s’est écroulée. Il ne reste de cet édifice scientifique que quelques pierres couvertes de mousse. La tour ronde de Copenhague, au haut de laquelle Pierre Ier monta, dit-on, en voiture, a servi d’observatoire dans le temps où l’on croyait que plus un observatoire était élevé, plus il était facile d’y faire des expériences. On a construit depuis un autre observatoire à Copenhague, qui est occupé par M. Olufssen, et un autre à Altona, qui est occupé par M. Schumacher.

La bibliothèque de l’université fut fondée vers le milieu du xvie siècle. Un grand nombre de savans, de professeurs, se plurent à l’enrichir. Un siècle après sa fondation, elle pouvait passer pour une des plus belles bibliothèques universitaires de l’Europe. L’incendie de 1728 l’anéantit en un jour. Il fallut en créer une toute nouvelle. Mais plus la catastrophe était grande, et plus les Danois mirent de zèle à la réparer. La bibliothèque joignit en peu de temps plusieurs dotations importantes à celles qu’elle possédait déjà. Le roi vint à son secours, et Arne Magnussen lui légua l’inestimable trésor qu’il avait sauvé des flammes, c’est-à-dire deux mille manuscrits islandais, danois et suédois. Plus de deux mille autres étaient brûlés.

La bibliothèque possède aujourd’hui environ quatre-vingt mille volumes bien choisis et une précieuse collection de manuscrits. Les legs qui lui ont été faits sont malheureusement assujétis à diverses conditions. D’après les vœux des donataires, certaines collections particulières ne doivent être ni dé-