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tionaux, quelque temps suspendus, et demandant à franchir les limites que les circonstances lui prescrivaient, à passer d’une victoire à une autre victoire, de la conquête du repos intérieur à celle de la dignité extérieure, de la France pacifiée à la France ennoblie.

En posant ainsi ces deux hommes vis-à-vis l’un de l’autre, nous n’avons sans doute pas besoin de dire que nous ne cherchons point à faire une question de personnes. Nous constatons deux faits ; nous établissons deux principes. Mais ces deux principes ont un représentant, un nom ; et les désigner par leur nom, c’est le moyen de les rendre plus nets, plus saisissables.

Cette question si importante, si éminemment nationale, sera discutée dans la session actuelle ; sera-t-elle résolue d’une manière assez définitive pour qu’il ne soit plus besoin d’y revenir, et que nous n’ayons désormais qu’à marcher en avant ?

Dans un tel état de choses, il est essentiel d’étudier la composition de la chambre, d’apprendre à la connaître, non point dans de vagues généralités, mais dans ses nuances, dans l’idée dominante qui anime chacun de ses partis, dans les ressorts souvent mystérieux qui les font mouvoir. En nous livrant à cette étude, nous expliquerons peut-être beaucoup de fluctuations encore indécises du passé, nous pourrons peut-être établir quelques prévisions sur l’avenir. C’est dans cet espoir que nous avons travaillé à faire cette statistique de la chambre. Nous y sommes arrivés par des recherches sérieuses, et nous la donnons au public avec confiance. Nous avons devant nous les chiffres et les noms. Nous écrivons en face d’une addition exacte, commentée par de longues observations.

Les deux partis de la chambre, celui du ministère, celui de l’opposition, se divisent en plusieurs fractions, qui doivent être examinées successivement. Nous commencerons par le ministère.

Hâtons-nous d’abord de rassurer ceux qui s’effraient d’entendre sans cesse parler du parti doctrinaire : il n’est pas aussi nombreux qu’on le croit. Plusieurs membres s’y rattachent, il est vrai, par certain côté ; mais de purs, de vrais doctrinaires, d’hommes avoués par le chef et prônés par la secte, nous avons beau faire, nous n’en trouvons que 13.

Le premier de tous, on le sait, c’est M. Guizot. Après lui viennent :

MM. Duchâtel, Duvergier de Hauranne, Dumont, d’Haubersaert, Guizard, Janvier, Jaubert, Piscatory, Rémusat, Renouard, Saint-Marc Girardin, Vitet, tous en général fort peu orateurs, mais habiles et dévoués ; c’est aussi chose connue.

M. Duchâtel a joué, depuis quelques années, un rôle marquant dans la doctrine, un rôle sanctionné par l’exercice du pouvoir, et l’on sait quelle valeur ce parti attache au pouvoir. Cependant nous le soupçonnons d’a-