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Comme nous l’avons dit, les écoles primaires reçoivent le fils de l’ouvrier au sortir des salles d’asile, et complètent son instruction. Mais beaucoup de parens, trop pauvres pour se passer du travail de leurs enfans, ne peuvent profiter de ces écoles. Pour ceux-là, la Société industrielle a établi des cours dans lesquels les écoliers reçoivent une rétribution, et trouvent ainsi à l’étude le même avantage immédiat et matériel qu’ils trouveraient à une occupation manuelle. Les élèves de la Société industrielle sont, en outre, placés en apprentissage, et une partie de la rétribution qui leur est accordée est déposée à la caisse d’épargne, de sorte que, vers dix-huit ans, ils se trouvent avoir une instruction suffisante, un état et un capital qui leur permet de s’établir. Ceux qui font preuve d’une aptitude spéciale et d’un goût prononcé pour l’étude, passent des écoles primaires au Collége industriel, où l’enseignement des connaissances pratiques est poussé fort loin, et de là, s’il est nécessaire, au Collége royal, qui embrasse tous les cours de lettres et de sciences.

Ainsi, depuis sa naissance jusqu’à sa virilité, une main secourable soutient l’enfant du peuple et le dirige. Surveillé dans son berceau par la Société maternelle, celle-ci le livre ensuite aux conductrices des salles d’asile, qui le préparent aux écoles élémentaires, d’où il passe soit aux ateliers d’apprentissage, soit au Collége industriel. Et toute cette route, il la fait gratuitement et sous la protection de la commune. Il arrive à l’âge d’homme avec une main et une intelligence exercées, propre au travail s’il l’aime, capable d’être heureux s’il le mérite. Alors la vie est devant lui comme devant tous ; la société lui a donné ce qu’il avait droit d’en réclamer : un instrument pour vivre. Il n’a plus qu’à demander à Dieu la santé, seule dot du travailleur. Encore a-t-il le moyen d’échapper à la misère qui suit les maladies de l’ouvrier. Une faible somme versée par lui chaque semaine le fait membre d’une association qui s’engage à soigner celui qui souffre, et à faire vivre sa famille tant que dure son mal ou sa convalescence.

Certes, il y aurait peu de choses à dire contre une pareille organisation, si elle était complète ; mais malheureusement il n’en est point ainsi. Beaucoup de quartiers manquent de salle d’asile, les écoles sont insuffisantes, et la Société industrielle ne peut entretenir que peu d’élèves. Tout est encore à l’état d’essai, et il y a plus