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TROISIÈME LETTRE
DE DEUX HABITANS DE LA FERTÉ-SOUS-JOUARRE
à M. le directeur de la Revue des Deux Mondes.

Mon cher Monsieur,

Que les Dieux immortels vous assistent et vous préservent de ce que vous savez ! Vous nous engagez à continuer notre correspondance commencée avec la Revue des Mondes, et c’est bien honnête de votre part. Homo sum, monsieur le directeur, et je sais que c’est loi de nature de trouver doux d’être imprimé. D’ailleurs, la gloire est chère aux Français, sans compter l’argent et le voisin qui enrage. Nous écririons donc comme tout le monde, quitte à compiler comme quelques autres, n’était certain lieu où le bât nous blesse. C’est que depuis nos deux lettres, révérence parler, on nous appelle journalistes dans le pays ; voilà le fait : nous sommes ronds en affaire, et nous vous le disons entre nous.

À Dieu ne plaise qu’en aucune façon nous regardions ce mot comme une injure ! Chez beaucoup de gens, et avec raison, on sait qu’il est devenu un titre. Si nous nous permettons de plaisanter parfois là-dessus, nous ne prétendons nullement médire de la presse, qui a fait beaucoup de mal et beaucoup de bien. Les journaux sont les terres de l’intelligence ; c’est là qu’elle laboure, sème, plante, déracine, récolte, et parmi les fermiers de ses domaines nous ne serions pas embarrassés de citer des noms tout aussi honorables que ceux de tels propriétaires qui n’en con-