Page:Revue des Deux Mondes - 1837 - tome 9.djvu/632

Cette page a été validée par deux contributeurs.



REVUE LITTÉRAIRE.

La petite poésie est d’une constance à toute épreuve. Elle ne sera, tout le présage, ni moins courageuse ni moins féconde en 1837 qu’en 1836. Plusieurs poètes, éclos cette année, se sont jetés déjà hors de leurs nids. Malheureusement ils n’ont plané ni bien haut ni bien long-temps. Nous dirons néanmoins ceux qui ont à peu près volé, ceux qui ont voleté, ceux qui sont tombés faute d’ailes. Nous serons justes envers tous.

Et d’abord, deux nouvelles jeunes femmes poètes ont pris rang parmi nos muses contemporaines.

En aucun temps le personnel des femmes auteurs n’a été si considérable qu’aujourd’hui. Celles surtout qui écrivent des romans sont innombrables. Celles qui les écrivent bons se peuvent, il est vrai, compter. Mais quelques-unes d’entre elles, dans ce genre de composition, marchent en première ligne et de front avec nos écrivains les plus éminens.

Les femmes qui écrivent de la poésie ne sont pas moins nombreuses. Plusieurs, durant les trente dernières années, ont obtenu des succès estimables et mérités ; pas une n’a conquis une suprématie capable d’inquiéter les poètes établis de l’autre sexe. Toutes ces dames, leurs palmes en main, sont rangées à diverses hauteurs sur les degrés du temple ; il y en a jusque sous le péristyle. Aucune, si ce n’est peut-être Mme Desbordes-Valmore, grâce à ses ardens soupirs et à ses larmes vraies, aucune n’a été admise ou n’a pénétré dans le sanctuaire.

Quelque recommandable que soit le talent des deux dames dont nous avons à signaler l’apparition poétique, nous pensons qu’il ne leur sera pas non plus donné de détrôner nos rois de la poésie, ni même de siéger près d’eux comme reines.

Les Oiseaux de passage, de Mme Anaïs Ségalas, attestent chez l’auteur de ces poésies une vigueur et une intrépidité d’esprit remarquables.