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REVUE DES DEUX MONDES.

Viens redire tous nos sermens
Sur les bords fleuris de la Cree.


À défaut donc de ces poésies intraduisibles, j’essaierai de donner ici une idée d’un morceau tout différent dont la composition offre assez d’intérêt pour qu’il en reste encore quelque peu dans la traduction.

TAM O’SHANTER.
CONTE.

Quand les chalands abandonnent la rue,
Que le voisin offre à boire au voisin,
Que du marché le jour tire à sa fin,
Que part la foule, à la ville accourue ;
Tout en sablant l’ale des cabarets
À pleine panse, heureux comme à la noce,
Qui de nous songe aux longs milles d’Écosse ?
Que de fossés, barrières et marais,
Sont entre nous et notre humble demeure,
Où la bourgeoise est sombre, et compte l’heure,
Ses noirs sourcils amassant un courroux
Qu’elle mitonne et maintient chaud pour nous ?

Tam O’Shanter en fit l’expérience,
Lorsque la nuit il revint une fois
D’Ayr, la vieille Ayr, ville par excellence
Des braves gens et des jolis minois.

Ô brave Tam, Cathos ta femme est sage :
Pourquoi ne pas l’écouter davantage ?
Elle t’a dit que tu n’es qu’un bavard,
Un fainéant, un vaurien, un soûlard ;
Qu’au grand jamais, de novembre en octobre,
Jour de marché ne t’a vu rester sobre ;
Qu’à chaque grain que te moud le meunier,
Vous y buvez tant qu’il reste un denier ;
Que pour un fer si tu vas à la forge,
Ce sont des cris d’ivrogne à pleine gorge ;
Qu’au mauvais lieu, les dimanches, dit-on,
Jusqu’au lundi tu soûles la Kirton.
Elle a prédit, qu’au fond de la rivière,
Un jour ou l’autre on te saurait noyé ;
Ou, vers minuit, pris par quelque sorcière
Hantant la vieille église d’Halloway.