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POÈTES
ET
ROMANCIERS MODERNES
DE LA GRANDE-BRETAGNE.

vi.

ROBERT BURNS.


i.

Un vieillard, qui a assez souffert pour avoir le droit d’être optimiste, me disait dernièrement, à propos des infortunes des poètes et des vives et inutiles réclamations qu’elles ont soulevées de tout temps : « Lorsqu’un fait se reproduit continuellement dans tous les pays et à toutes les époques, ce fait a beau blesser nos sympathies, il est d’un esprit droit et équitable, avant d’accuser la Providence, de chercher la raison de cette injustice apparente, et d’en apprécier les compensations.

« Les poètes sont malheureux, dit-on ; et on s’étonne, et on s’indigne, et on déclame contre la destinée. Mais il faut qu’ils soient malheureux, voilà ce qu’on oublie. La poésie exige une sensibilité qui se blesse au moindre contact, et qui (ajoutons-le pour être juste) perçoit des jouissances inconnues aux natures plus grossières. C’est le double lot de toutes les organisations délicates et