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L’UNION DU MIDI.

véritable solution soit dans l’entière liberté de ces différentes branches d’industrie, nous pensons qu’il y a lieu de les réserver et de les placer transitoirement en dehors de la communauté[1]. On obtiendra plus facilement l’unité des monnaies, des poids et des mesures ; le système français est déjà établi en Belgique et fera le tour du monde, car il est simple, rationnel et rigoureux. Quant au personnel administratif des douanes, il faudra se prêter aux modifications que les circonstances locales exigeront, et ne pas tenir à introduire partout la règle française et l’uniforme français.

Aux termes du traité prussien, le produit des douanes communes est partagé entre les états contractans proportionnellement à la population. Ce mode de répartition, équitable peut-être pour des peuples qui sont placés au même degré de richesse, ne conviendrait pas à l’association française, qui doit renfermer des nations inégalement partagées sous le rapport des capitaux et de l’industrie. Il vaudrait mieux que la destination des marchandises fût constatée à l’entrée des lignes, et que chaque état remboursât à ses voisins les droits qu’il aurait perçus dans leur intérêt. On ferait, dans la même mesure, la compensation des frais.

Ce qui importe aujourd’hui, c’est de donner à cette vaste pensée un commencement d’exécution. La Belgique est disposée à s’associer à la fortune commerciale de la France ; traitez avec elle, et que ce traité soit pour vous l’occasion de renouveler les bases de notre tarif. En modérant le système général des droits d’entrée, vous ferez un premier pas vers l’alliance de l’Espagne et de la Suisse ; vous vous rapprocherez de tous les peuples voisins ; et au lieu d’alarmer l’Angleterre, vous l’intéresserez à seconder une politique qui lui aplanira l’accès de nos ports. Le reste sera une affaire de temps et de persévérance ; et le jour viendra certainement d’une association complète où la Belgique fournira les capitaux, la France et la Suisse le travail, et l’Espagne le champ d’exploitation.


Léon Faucher.
  1. Nous avions proposé, dans le Courrier français, de supprimer le monopole du tabac, et de le remplacer par un droit de 50 p. 100 ; c’est la solution la plus logique et celle qui susciterait le moins d’embarras ; mais nous reconnaissons que les esprits ne sont préparés, ni en France ni en Belgique, à l’adopter dès aujourd’hui. D’ailleurs le monopole du tabac existe aussi en Espagne, et dans ce pays les changemens administratifs s’opèrent avec lenteur.