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L’UNION DU MIDI.

provenances des deux pays vaudrait aux habitans des provinces des bénéfices bien autrement larges, et bien autrement certains que ceux du privilége pour lequel ils combattent aujourd’hui ; car, sous le régime de leurs fueros, s’ils reçoivent en franchise les produits de la France et ceux de la Castille, les produits de leur sol et de leur industrie sont repoussés des deux côtés par des prohibitions ou par des droits protecteurs ; ils ont beau ouvrir leurs marchés, les marchés de l’Espagne et ceux de l’étranger leur restent fermés.

L’abolition des douanes intermédiaires compléterait cette liberté des échanges pour les provinces exemptes ; la prime offerte au travail serait doublée. Que pourrait leur donner ou leur promettre don Carlos, qui valût ce nivellement des frontières commerciales avec un pays riche et puissant ? En ce qui concerne la France, une intervention aussi efficace dans les affaires de la Péninsule ne lui coûterait ni hommes ni argent. Les droits acquittés par les provenances d’Espagne rapportent au trésor 4,000,000 de francs ; il en coûte au moins autant pour surveiller les passages des montagnes et pour percevoir l’impôt. Ainsi, la dépense et la recette se balancent, à peu de chose près, dans cette partie de nos finances. En supprimant l’une et l’autre, on ne changerait rien à l’équilibre du budget.

Nous avons la confiance que le gouvernement espagnol accueillerait avec empressement une telle mesure. Dans sa position à moitié désespérée, tout expédient qui le délivrera de la guerre civile le sauvera. L’insurrection n’est pas seulement pour lui un embarras, elle met son existence en question, et par conséquent son crédit ; elle ne lui permet ni de se créer des ressources ni d’appliquer les ressources qu’il possède à la réforme du pays. Tout ce que le système représentatif apporte avec soi d’amélioration, reste en Espagne à l’état de germe et d’impuissante velléité ; le peuple ne le connaît encore que par son mauvais côté, qui est l’inconstance des résolutions et le besoin d’argent.

Le revenu des douanes espagnoles est porté au budget de 1823, celui dont se rapproche le plus l’état présent des recettes, pour une somme de 60,000,000 de réaux, soit 16,200,000 francs. En admettant que l’activité commerciale de l’Espagne soit ce qu’elle était en 1829, et qu’elle représente une valeur de 180 à 200,000,000