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L’UNION DU MIDI.

ché français ; mais si ses capitaux stagnans, ses grands établissemens, déserts en partie, peuvent jeter d’immenses produits au milieu de nous, la Belgique, avec sa faible population, prendrait alors dans la consommation française la plus forte part sans nous offrir de compensation possible. »

Même objection de la part de la chambre de Dunkerque. « Choisissant la France et la Belgique pour terme de comparaison, supposons les tarifs mis en rapport, les prohibitions abolies de part et d’autre, les droits proportionnés à la valeur vénale des produits de chaque industrie, semblable ou analogue chez l’autre peuple, nous apercevrons d’un côté de la frontière dix fois plus de consommateurs que de l’autre. »

Les termes de la comparaison sont mal posés. L’étendue de la consommation se mesure sur la richesse des peuples bien plus que sur le nombre des habitans. La population urbaine en France consomme au moins autant que la population des campagnes, bien que celle-ci soit à la première dans le rapport de 25 à 8. La Belgique reçoit pour 20,000,000 de marchandises anglaises, tandis que la France n’en importe que pour 31,000,000. Les 3,000,000 d’habitans de la Belgique consomment en soieries, en vins et en articles de Paris, autant que 10 à 12,000,000 de Français. L’ouverture du marché belge n’est donc point un fait sans importance. Au surplus, s’il fallait éviter l’alliance commerciale de tous les pays qui n’ont pas comme nous 34,000,000 d’habitans, nous devrions renoncer à nos relations les plus profitables et notamment à nos rapports avec les États-Unis.

Nous redoutons peu d’ailleurs cette puissance universelle que l’on prête gratuitement à l’industrie belge. Après comme avant la suppression des douanes, la base des échanges restera la même. La Belgique n’a point de meilleure monnaie que ses houilles, ses laines, ses lins, ses toiles et ses bestiaux ; et la supériorité industrielle de la France sera toujours dans ses articles de goût, dans ses soieries, ainsi que dans ses vins. Assurément les houilles de Mons entreront en plus grande quantité, lorsqu’on aura supprimé le droit de 33 centimes par hectolitre ; mais sont-ce les usines à sucre ou les filatures du département du Nord qui s’en plaindront ? Au lieu de gagner 3,000,000 de francs par an, la compagnie