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L’UNION DU MIDI.

Belgique, la Suisse et l’Espagne nous touchent de plus près. L’histoire de ces peuples les montre gravitant vers la France, qui subit d’abord leur influence, qui réagit ensuite et se les assimile davantage de jour en jour.

La Suisse, dès les premiers temps de son indépendance, fut notre alliée ; elle a combattu avec nous dans toutes nos guerres, et s’est associée à toutes nos gloires ; elle nous a fourni des écrivains et des soldats. Depuis quarante ans, la Suisse a reproduit dans son gouvernement intérieur les phases que la liberté a suivies chez nous, démocratique en 1793, oligarchique en 1815, et définitivement affranchie par la révolution de juillet. La pente des opinions en Suisse est la même que celle des courans fluviatiles et du sol ; c’est vers la France qu’elle descend.

La Belgique a fait partie des Gaules, de la France féodale et de la France révolutionnaire. Les deux peuples sont de la même souche, parlent la même langue, et ont reçu une éducation commune des évènemens. Séparée de la monarchie française ou réunie à ce royaume, la Belgique appartiendra toujours au même système politique. En se détachant de l’Allemagne, elle s’est inévitablement rejetée vers nous.

Une dynastie française règne sur l’Espagne depuis Philippe V ; quand l’alliance, le pacte de famille a été rompu, il l’a toujours été par la faute de notre gouvernement. Comme aurait pu le faire une colonie de la France, l’Espagne adopte nos idées politiques à mesure que ces idées s’usent chez nous ; elle se fait voltairienne aujourd’hui, au moment où il se manifeste dans nos mœurs des dispositions plus impartiales pour le passé. Malgré la guerre de l’indépendance, l’Espagne admire Napoléon, et comprend que l’initiative de la réforme doit lui venir de la France. Deux fois déjà cette impulsion a déterminé dans la Péninsule la crise de liberté qui doit en régénérer le gouvernement. Les deux peuples ont les mêmes intérêts territoriaux et le même avenir d’institutions.

La France est évidemment le centre d’un système politique qui comprend la Belgique, la Suisse et l’Espagne. Ce qui est déjà une tendance positive, il s’agit de le convertir en fait accompli et de l’écrire dans les traités.

Le gouvernement français a vaguement entrevu ces conséquences de sa position, lorsqu’il a concouru avec l’Angleterre à garantir