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VISITE À L’UNIVERSITÉ D’UTRECHT.

après M. Bake à Leyde, que s’il s’agit de candidats pour les sciences, pour la médecine, et même pour la jurisprudence, l’examen est très facile et d’une extrême indulgence. C’est un tort grave, et qui mérite au plus haut degré l’attention du gouvernement. Mais M. Van Heusde prétend qu’il n’en est point ainsi lorsqu’il est question de candidats en théologie et surtout en littérature. Le candidat qui se présentait à l’examen auquel j’ai assisté, se destinait à la théologie. Voici comment s’est passé cet examen :

Le jeune homme fréquentait les cours de l’université depuis une année. Il savait qu’il serait interrogé sur la littérature moderne, sur le Banquet de Platon pour la littérature grecque, sur le De Officiis et sur un poète latin pour la littérature latine, enfin sur l’hébreu. Les juges étaient les quatre professeurs ordinaires de la faculté des lettres, M. Grœnewoud, professeur de littérature hébraïque et orientale, M. Vischer, professeur de littérature nationale et de littérature moderne, M. Van Goudoever, professeur de littérature latine, et M. Van Heusde, professeur de littérature et de philosophie grecque. M. Vischer a interrogé en hollandais. J’ai compris qu’il était question de déterminer les auteurs et l’époque de différens écrits du moyen-âge, par exemple l’Imitation de Jésus-Christ, que le candidat et le juge ont attribuée, sans hésiter, à notre Gerson. Les trois autres juges ont interrogé en latin et le candidat a répondu dans la même langue. M. Van Heusde lui donna à expliquer un morceau du Banquet. Le jeune homme était préparé, car il avait apporté une édition de ce dialogue. Il traduisit en latin le passage indiqué et rendit compte des diverses difficultés grammaticales. Il s’exprimait médiocrement, mais correctement, et ses réponses étaient assez exactes. M. Van Heusde lui fit, dans son exquise latinité et avec une aisance incroyable, des questions sur l’époque probable où le Banquet avait été composé, sur le but du dialogue, le caractère des différens discours et la vraie pensée de Platon. Les réponses du candidat, en général très brèves, prouvaient qu’il avait sérieusement étudié l’ouvrage sur lequel on l’interrogeait. M. Van Goudoever présenta successivement à l’élève une page de Cicéron et un morceau de poésie latine ; et à propos du De Officiis, le savant professeur ne manqua pas d’interroger le candidat sur les sources de ce traité, sur Panœtius et les stoïciens, si chers et si familiers à l’érudition hollandaise. Le