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qui se tourmentent l’esprit pour faire, contre nature, un enseignement léger, à la portée de leurs bénévoles auditeurs.

Je sais parfaitement que je prêche dans le désert, et que je ne serai point écouté. Cependant je ne cesserai d’opposer à un usage qui n’a pas trente ans en France, et qui, depuis trente ans, a toujours été un abus manifeste, la règle et la pratique de toutes les universités du monde et la voix de l’expérience universelle[1].

Je mettais une grande importance à juger par moi-même de la force des études littéraires à l’université d’Utrecht, et, pour cela, je désirais assister à l’examen de candidat ès-lettres, notre examen du baccalauréat ès-lettres. En Hollande, comme chez nous, le grade de candidat ou de bachelier ès-lettres est indispensable pour prendre des grades dans toutes les autres facultés ; mais il n’est pas la condition de l’immatriculation même : on peut ne prendre le grade de candidat ès-lettres qu’au bout de deux ans ; en fait on ne le prend guère avant un an ou dix-huit mois, et il suppose qu’on a suivi plusieurs cours à l’université dans la faculté des lettres. L’immatriculation s’accorde à peu près à quiconque la demande, et l’examen d’immatriculation n’est guère qu’une formalité, à ce que m’ont dit la plupart des professeurs. La nécessité d’un examen sérieux pour la candidature ès-lettres est donc d’autant plus grande. Je demandai à M. Van Heusde de me faire assister à un examen de ce genre, et comme il devait y en avoir un le lendemain, je n’ai pas manqué de m’y trouver, et j’en puis parler en parfaite connaissance de cause.

Avant d’entrer dans le détail de cet examen, je dois dire qu’en Hollande le programme de la candidature ès-lettres est différent, selon que le candidat se destine à la médecine, ou à la jurisprudence, ou à la théologie, ou aux sciences, ou aux lettres. Mais si les programmes d’examen sont différens, ce doit être précisément pour qu’il soit apporté à chaque examen une sévérité convenable. Cependant M. Van Heusde m’a avoué, comme le fit quelques jours

  1. C’était aussi l’avis de M. Cuvier. Il s’exprime plusieurs fois à cet égard de la manière la plus catégorique. Rapport, p. 180. « Reste à parler des rétributions des élèves. C’est, comme nous l’avons dit, un mobile si puissant et si utile pour l’émulation des professeurs et pour attacher les élèves à leurs études, que si nous étions appelés à proposer des améliorations dans notre système de l’intérieur, nous n’hésiterions pas à proposer qu’on rétablît ces rétributions partout.